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Etienne de LA BOETIE, "Discours sur la servitude volontaire" (parcours: défendre et entretenir la liberté)

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    LPB
  • 22 juil.
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 juil.

Etienne de la BOETIE (1530-1563)
Etienne de la BOETIE (1530-1563)

Une séquence de première
séquence la littérature d'idées du 16e au 18e s.
(parcours: défendre et entretenir la liberté)

LE TEXTE original

Manuscrit De Mesmes, BNF
Manuscrit De Mesmes, BNF


LE TEXTE modernisé


édition conseillée

avec la translation de Myriam MARACHE-GOURAUD: Folio Gallimard

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à comparer avec la modernisation par Séverine AUFFRET

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LA BOETIE



Montaigne & La Boétie


Découvrir & questionner les enjeux philosophiques du texte



Anne-Marie COCULA sur LA BOETIE et son DSV




LE TYRAN EN PHILOSOPHIE


Selon CICERON




Contre la tyrannie, le pacte du pouvoir? HOBBES (Extraits du Léviathan)


"que l’on consente, quand les autres y consentent aussi, à se dessaisir, dans toute la mesure où l’on pensera que cela est nécessaire à la paix et à sa propre défense, du droit que l’on a sur toute chose ; et qu’on se contente d’autant de liberté à l’égard des autres qu’on en concéderait aux autres à l’égard de soi-même"


"c’est comme si chacun disait à chacun : j’autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes ses actions de la même manière"


"La fonction du souverain (qu’il s’agisse d’un monarque ou d’une assemblée) est contenue dans la fin pour laquelle on lui a confié le pouvoir souverain, et qui est le soin de la sûreté du peuple : il y est obligé par la loi de nature, et il est obligé d’en rendre compte à Dieu, auteur de cette loi, et à nul autre. Notez que par sûreté, je n’entends pas ici la seule préservation, mais aussi toutes les autres satisfactions de cette vie que chacun pourra acquérir par son industrie légitime, sans danger ni mal pour la République."


"À coup sûr, l’une et l’autre formule sont vraies, qui déclarent : l’une que l’homme est un Dieu pour l’homme, l’autre, que l’homme est un loup pour l’homme. Celle-là est vraie si l’on considère les concitoyens entre eux, celle-ci si l’on considère les cités. Là, l’homme accède à la ressemblance avec Dieu par la justice et la charité, les deux vertus de la paix. Ici, en raison de la dépravation des méchants, même les bons doivent avoir recours, s’ils veulent se défendre, aux deux vertus de la guerre, la force et la ruse, c’est-à-dire à la rapacité des fauves."



PASCAL sur le tyran



Contre la tyrannie, le pacte du pouvoir? HOBBES (Extraits du Léviathan)


"que l’on consente, quand les autres y consentent aussi, à se dessaisir, dans toute la mesure où l’on pensera que cela est nécessaire à la paix et à sa propre défense, du droit que l’on a sur toute chose ; et qu’on se contente d’autant de liberté à l’égard des autres qu’on en concéderait aux autres à l’égard de soi-même"


"c’est comme si chacun disait à chacun : j’autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes ses actions de la même manière"


"La fonction du souverain (qu’il s’agisse d’un monarque ou d’une assemblée) est contenue dans la fin pour laquelle on lui a confié le pouvoir souverain, et qui est le soin de la sûreté du peuple : il y est obligé par la loi de nature, et il est obligé d’en rendre compte à Dieu, auteur de cette loi, et à nul autre. Notez que par sûreté, je n’entends pas ici la seule préservation, mais aussi toutes les autres satisfactions de cette vie que chacun pourra acquérir par son industrie légitime, sans danger ni mal pour la République."


"À coup sûr, l’une et l’autre formule sont vraies, qui déclarent : l’une que l’homme est un Dieu pour l’homme, l’autre, que l’homme est un loup pour l’homme. Celle-là est vraie si l’on considère les concitoyens entre eux, celle-ci si l’on considère les cités. Là, l’homme accède à la ressemblance avec Dieu par la justice et la charité, les deux vertus de la paix. Ici, en raison de la dépravation des méchants, même les bons doivent avoir recours, s’ils veulent se défendre, aux deux vertus de la guerre, la force et la ruse, c’est-à-dire à la rapacité des fauves."


PASCAL sur le tyran



Diagnostic et remède à la tyrannie ?


Par MONTESQUIEU, De l'esprit des lois (XIV, sur Tibère)


II y avait une loi de majesté contre ceux qui commettaient quelque attentat contre le peuple romain. Tibère se saisit de cette loi et l’appliqua, non pas aux cas pour lesquels elle avait été faite, mais à tout ce qui put servir sa haine ou ses défiances. Ce n’étaient pas seulement les actions qui tombaient dans le cas de cette loi, mais des paroles, des signes et des pensées même : car ce qui se dit dans ces épanchements de coeur que la conversation produit entre deux amis ne peut être regardé que comme des pensées. II n’y eut donc plus de liberté dans les festins, de confiance dans les parentés, de fidélité dans les esclaves ; la dissimulation et la tristesse du prince se communiquant partout, l’amitié fut regardée comme un écueil, l’ingénuité comme une imprudence, la vertu comme une affectation qui pouvait rappeler dans l’esprit des peuples le bonheur des temps précédents.

Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice, lorsqu’on va, pour ainsi dire, noyer des malheureux sur la planche même sur laquelle ils s’étaient sauvés.

Et, comme il n’est jamais arrivé qu’un tyran ait manqué d’instruments de sa tyrannie, Tibère trouva toujours des juges prêts à condamner autant de gens qu’il en put soupçonner. Du temps de la République, le Sénat, qui ne jugeait point en corps les affaires des particuliers, connaissait, par une délégation du peuple, des crimes qu’on imputait aux alliés. Tibère lui renvoya de même le jugement de tout ce qu’il appelait crime de lèse-majesté contre lui. Ce corps tomba dans un état de bassesse qui ne peut s’exprimer : les sénateurs allaient au-devant de la servitude ; sous la faveur de Séjan, les plus illustres d’entre eux faisaient le métier de délateurs.

Il me semble que je vois plusieurs causes de cet esprit de servitude qui régnait pour lors dans le Sénat. Après que César eut vaincu le parti de la République, les amis et les ennemis qu’il avait dans le Sénat concoururent également à ôter toutes les bornes que les lois avaient mises à sa puissance, et à lui déférer des honneurs excessifs : les uns cherchaient à lui plaire ; les autres, à le rendre odieux. Dion nous dit que quelques-uns allèrent jusqu’à proposer qu’il lui fût permis de jouir de toutes les femmes qu’il lui plairait. Cela fit qu’il ne se défia point du Sénat, et qu’il y fut assassiné ; mais cela fit aussi que, dans les règnes suivants, il n’y eut point de flatterie qui fût sans exemple, et qui pût révolter les esprits. [...]

Le peuple romain, qui n’avait plus de part au gouvernement, composé presque d’affranchis ou de gens sans industrie, qui vivaient aux dépens du trésor public, ne sentait que son impuissance ; il s’affligeait comme les enfants et les femmes, qui se désolent par le sentiment de leur faiblesse : il était mal ; il plaça ses craintes et ses espérances sur la personne de Germanicus, et, cet objet lui étant enlevé, il tomba dans le désespoir.  

Il n’y a point de gens qui craignent si fort les malheurs que ceux que la misère de leur condition pourrait rassurer, et qui devraient dire avec Andromaque « Plût à Dieu que je craignisse ! » Il y a aujourd’hui à Naples cinquante mille hommes qui ne vivent que d’herbes et n’ont pour tout bien que la moitié d’un habit de toile. Ces gens-là, les plus malheureux de la Terre, tombent dans un abattement affreux à la moindre fumée du Vésuve ; ils ont la sottise de craindre de devenir malheureux.


Frédéric WORMS (ENS) à partir de MONTESQUIEU




Hannah ARENDT : pouvoir et puissance

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LA FIGURE DU TYRAN


Richard III, le tyran seul de SHAKESPEARE

cf. ce podcast France Culture en Thomas JOLLY et J. LAMBERT-WILD


Le cas Caligula



  • Histoire romaine, « Caligula », Livre 59, Dion Cassius

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  • CAMUS à partir des écrits (à recontextualiser) de SUETONE :

Ce que dit Albert Camus au sujet de Caligula...
« Si sa vérité est de se révolter contre le destin, son erreur est de nier les hommes. On ne peut tout détruire sans se détruire soi-même. C’est pourquoi Caligula dépeuple le monde autour de lui et, fidèle à sa logique, fait ce qu'il faut pour armer contre lui ceux qui finiront par le tuer. Caligula est l'histoire d'un suicide supérieur. C'est l'histoire de la plus humaine et de la plus tragique des erreurs. Infidèle à l’homme, par fidélité à lui-même, Caligula consent à mourir pour avoir compris qu’aucun être ne peut se sauver tout seul et qu'on ne peut être libre contre les autres hommes. »
Albert Camus, Œuvres Complètes, tome I : 1931-1944, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2006, p. 447




Une écriture militante


une étude linéaire sur LA BOETIE, Ressource Eduscol



Plan d'une étude transversale : la figure du tyran dans le DSV, une ressource Eduscol

Une ressource Eduscol
Une ressource Eduscol

Parcours associé


RABELAIS, Gargantua, chap. 29 (1534)


Le caractère fervent de tes études aurait requis que je n'eusse pas à interrompre de longtemps ce loisir studieusement philosophique, si la confiance que nous avions en nos amis et alliés de longue date n'avait à présent abusé la quiétude de ma vieillesse. Mais puisqu'un destin fatal veut que je sois inquiété par ceux sur qui je me reposais le plus, force m'est de te rappeler pour protéger les gens et les biens qui sont confiés à tes mains par droit naturel.

Car, de même que les armes défensives sont inefficaces au-dehors si la volonté n'est en la maison, de même vaines sont les études et inutile la volonté qui ne passent pas à exécution, grâce à la vertu, en temps opportun et ne sont pas conduites jusqu'à leur accomplissement.

Mon intention n'est pas de provoquer mais d'apaiser, ni d'attaquer mais de défendre, ni de conquérir mais de garder mes loyaux sujets et mes terres héréditaires sur lesquelles, sans cause ni raison, est entré en ennemi Picrochole qui poursuit chaque jour son entreprise démente et ses excès intolérables pour des personnes éprises de liberté.

Je me suis mis en devoir de modérer sa rage tyrannique, de lui offrir tout ce que je pensais susceptible de le contenter ; j'ai plusieurs dois envoyé des ambassades amiables auprès de lui pour comprendre en quoi, par qui et comment il se sentait outragé. Mais je n'ai eu d'autre réponse de lui qu'inspirée par une volonté de défiance, et une prétention au droit de regard sur mes terres. Cela m'a convaincu que Dieu l'Eternel l'a abandonné à la gouverne de son libre arbitre et de sa raison privée. Sa conduite ne peut qu'être mauvaise si elle n'est continuellement éclairée par la grâce de Dieu qui me l'a envoyé ici sous de mauvais auspices pour le maintenir dans le sentiment du devoir et l'amener à la réflexion.

Aussi, mon fils bien-aimé, quand tu auras lu cette lettre, et le plus tôt possible, reviens en hâte pour secourir non pas tant moi-même (toutefois c'est ce que par piété tu dois faire naturellement) que les tiens que tu peux, pour le droit, sauver et protéger. Le résultat sera atteint avec la moindre effusion de sang possible et, si c'est réalisable, grâce à des moyens plus efficaces, des pièges et des ruses de guerre, nous sauverons toutes les âmes et renverrons tout ce monde joyeux en ses demeures.

Très cher fils, que la paix du Christ, notre rédempteur, soit avec toi. Salue pour moi Ponocrates, Gymnaste et Eudémon.

Ce vingt septembre,

Ton père, Grandgousier.


CORNEILLE, Cinna, Acte II, scène 1, v. 357 à 392, 1640

(Auguste à Cinna & Maxime)


Cet empire absolu sur la terre et sur l'onde,

Ce pouvoir souverain que j'ai sur tout le monde,

Cette grandeur sans borne et cet illustre rang,

360 Qui m'a jadis coûté tant de peine et de sang,

Enfin tout ce qu'adore en ma haute fortune

D'un courtisan flatteur la présence importune,

N'est que de ces beautés dont l'éclat éblouit,

Et qu'on cesse d'aimer sitôt qu'on en jouit.

365 L'ambition déplaît quand elle est assouvie,

D'une contraire ardeur son ardeur est suivie ;

Et comme notre esprit, jusqu'au dernier soupir,

Toujours vers quelque objet pousse quelque désir,

Il se ramène en soi, n'ayant plus où se prendre,

370 Et, monté sur le faîte, il aspire à descendre.

J'ai souhaité l'empire, et j'y suis parvenu ;

Mais, en le souhaitant, je ne l'ai pas connu :

Dans sa possession, j'ai trouvé pour tous charmes

D'effroyables soucis, d'éternelles alarmes,

375 Mille ennemis secrets, la mort à tous propos,

Point de plaisir sans trouble, et jamais de repos.

Sylla m'a précédé dans ce pouvoir suprême ;

Le grand César mon père en a joui de même :

D'un oeil si différent tous deux l'ont regardé,

380 Que l'un s'en est démis, et l'autre l'a gardé :

Mais l'un, cruel, barbare, est mort aimé, tranquille,

Comme un bon citoyen dans le sein de sa ville ;

L'autre, tout débonnaire, au milieu du sénat,

A vu trancher ses jours par un assassinat.

385 Ces exemples récents suffiraient pour m'instruire,

Si par l'exemple seul on se devait conduire :

L'un m'invite à le suivre, et l'autre me fait peur ;

Mais l'exemple souvent n'est qu'un miroir trompeur ;

Et l'ordre du destin qui gêne nos pensées

390 N'est pas toujours écrit dans les choses passées :

Quelquefois l'un se brise où l'autre s'est sauvé,

Et par où l'un périt, un autre est conservé.




HidA : représentations artistiques du tyran



Samson et Dalila

Anthony van Dyck, Samson and Delilah, c. 1618-20, oil on canvas, 152.3 x 232 cm. (Dulwich Picture Gallery, London)
Anthony van Dyck, Samson and Delilah, c. 1618-20, oil on canvas, 152.3 x 232 cm. (Dulwich Picture Gallery, London)

Judit et Holoferne

Caravaggio (Michelangelo), Giuditta e Oloferne, 1599 ca., Palazzo Barberini, Roma
Caravaggio (Michelangelo), Giuditta e Oloferne, 1599 ca., Palazzo Barberini, Roma



Présentation du parcours "entretenir et défendre la liberté", Ressource Eduscol



Un article d'Olivier HALEVY sur la dispositio du DSV



Lecture cursive


MACHIAVEL, Le Prince (1532)

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ou


MUSSET, Lorenzaccio (1834)

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