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- Carnet de lecture
NOTA BENE Le carnet de lecture n'est pas permis à l'oral d'examen; afin de garantir l'égalité des conditions de l'examen à tous les candidats, aucun matériel personnel autre que les textes étudiés n'est toléré. Préconisations du Ministère La logique d'appropriation par les élèves par l'inspection de lettres d'Aix-Marseille Cf. http://www.pedagogie.ac-aix-marseille.fr/upload/docs/application/pdf/2020-10/presentation_du_carnet_de_lecture_par_florentina_gherman_ia_ipr_de_lettres.pdf Quelques idées pour se constituer un carnet formateur L'abord du livre, les impressions de lecture, les cogitations et traces d'après-lecture AVANT lecture: noter dans quel état d'esprit on s'est retrouvé à lire les premières pages (ce jour-là, quelle humeur, quel degré de motivation, quelles attentes...) Le paratexte: par quoi a-t-on commencé: le titre? La quatrième de couverture? L'enquête autour du livre: l'auteur? Réception du livre par la presse et le pubic à sa sa sortie? L'auteur a-t-il commenté son texte (traces de ses brouillons? Interviews? Correspondance?) PENDANT la lecture: Quels mots compliqués? Quels mots drôles ou marquants? Quel personnage a-t-on préféré / détesté? Aurait-on agi comme le héros? Oui/non, à quel moment de l'histoire? Quel extrait/épisode nous a le plus frappé/intéressé/bouleversé/ ennuyé, même et pourquoi ? Quelles phrases/expressions/répliques retenir de l'ouvrage? Consigner et se constituer un répertoire de citations. APRÈS la lecture: Peut-on imaginer une suite? Une adaptation au théâtre ou au cinéma? Quel texte pourrait faire écho? Quelle œuvre picturale, musicale, photographique pour illustrer le livre lu? Quelles questions aurait-on aimé pouvoir poser à l'auteur (sur la condition de son récit, la composition ou l'écriture de son ouvrage)? A-t-on compris pourquoi cet ouvrage nous a été conseillé par le prof? Comment se rattache-t-il à la séquence? L'aurais-je fait lire à des élèves? Si non, quel livre aurais-je fait lire à des lycéens, plutôt? Si je devais présenter l'ouvrage en 4 mn chrono, que dirais-je? M'enregistrer en mp3/mp4. Tenir son JOURNAL DE BORD avant / pendant / après la lecture Pour aller plus loin. Le carnet de lecture en débat http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/04/08042019Article636903044054236569.aspx
- Défendre son choix de lecture (1/2)
DM écrit + audio à partir de la LECTURE CURSIVE Niveau 2nde, en fin de première séquence J. du BELLAY, Les regrets (1558) fichier texte + audio via l’espace PRONOTE, ou par email . PARTIE ÉCRITE 10 pts Expliquez, justifiez et discutez le titre Les regrets Calibre conseillé : 3 p. max. Corrigé indicatif PARTIE ORALE 10 pts En 4mn, présenter et défendre son poème préféré du recueil. Joindre fichier vidéo ou mp3. Objectif & méthode Vers la première (oral d'EAF): défendre un point de vue, défendre un choix de lecture Comment préparer sa consultation, sa comparaison, son parti pris de lecture? Quels préalables? Quels outils? Quels outils numériques? Pour le fichier-texte http://www.openoffice.org/fr/ (gratuit) Pour le fichier-texte, aussi https://get.adobe.com/fr/reader/ Pour s'enregistrer en audio avec clyp https://clyp.it Sinon, audacity (gratuit) : https://audacity.fr Exemple présentation de l'exercice et mise en œuvre de l'oral Justification du parti-pris de lecture (8 mn: hors-délai !) Compétences évaluées · Expression (langue française à l’écrit ; clarté et débit de la voix à l’oral) · Justesse et pertinence des informations · Recours au texte · Qualité de la justification, arguments développés
- La dissertation (sur oeuvre) (réforme 2019)
On consultera, sur le site ministériel éduscol, les objectifs et le format de la dissertation sur œuvre, tels que les entend le Ministère. L'esprit de l'exercice La dissertation n'est en aucun cas un (simple) résumé de l'œuvre (dans sa signification littérale, par exemple l'intrigue d'un roman ou d'une pièce). Une bonne dissertation sur œuvre éclaire sous un autre jour les termes du sujet (à identifier, à reprendre, à manier, à questionner), une notion, un problème littéraire, mais elle doit aussi engager une lecture rétroactive de l'œuvre étudiée sur laquelle on s'appuie. Ce qui est évalué, c'est bien la pensée (progressive, hiérarchisée, approfondie) du candidat qui doit non pas admettre ou affirmer mais démontrer quelque chose à partir du sujet. C'est la dimension critique de la dissertation qui doit établir ce qu'elle dit, définir et redéfinir, mass aussi oser discuter, c'est-à-dire pointer des limites, des insatisfactions, des manques du sujet. Le candidat met en œuvre un raisonnement personnel, progressif et soutenu par des exemples empruntés à l'œuvre-support. Problématiser Il faudrait demander à nos collègues philosophes (et aux mathématiciens, aussi!) qui peuvent fournir des définitions affinées mais grosso modo, Raisonner = exercer sa raison en tant que capacité de démonstration et de déduction pour établir une affirmation tenue pour valide (et admise pour vraie). Cela requiert une analyse rigoureuse, et exige que l'on distingue des éléments, identifie des enjeux, établisse un ordre des opérations mentales (on se fixe un plan d'étude, qu'on annonce en introduction et qu'on suit rigoureusement). Il ne s'agit ni de juger l'auteur ou les personnages, ni de dire ce qu'on like ou pas, ni se rabattre sur l'actualité récente, ni de réciter le cours, ni de résumer l'œuvre. Une réflexion progressive Une bonne dissertation nous fait passer, comme toute réflexion intellectuelle, d'un point de départ (un certain état des lieux) à un point d'arrivée, un point d'aboutissement, bref à des résultats au terme de la copie. En français, ce qui est en plus requis, c'est que tout cela doit s'opérer en s'appuyant sur l'œuvre étudiée. OUI, la référence aux textes du parcours associé est possible mais c'est bien l'œuvre étudiée qui demeure le centre de gravité d'une dissertation sur œuvre. Tout doit s'y référer et servir son explication. Il faut faire dialoguer les mots du sujet (à identifier, expliciter, questionner) chacun pour lui-même et entre eux, avec l'œuvre-support. Problématiser = reformuler, questionner, critiquer = gamberger à ce que ça dit, ne dit pas, fait dire ou, dit autrement, à ce que ça suppose, ce que ça entraîne. J'ai entendu une fois une collègue de philo du lycée employer cette juste définition de la problémaisation, terme qui semble toujours barbares pour nombre de nos élèves, alors qu'elle est la clef d'une bonne dissertation : "poser des questions à la question". Se précipiter sur internet ou autre n'a aucun intérêt pendant le travail de dissertation sur œuvre. Rien ne remplace le travail de cogitation (dit autrement, de "gamberge") à partir du sujet, incompressible et qui, me concernant, me prend 50% du temps que je peux consacrer à un travail de dissertation (rédiger me prend ainsi bien moins de temps de comprendre le sujet et concevoir le cheminement intellectuel que je prendrai). C'est seul(e) face au sujet et dès le début, qu'il faut adopter une disposition mentale, en prenant le temps pour cela : se rendre tout à la fois accueillant (prendre le sujet pour ce qu'il dit, ne pas balayer sa légitimité ni ses significations), prudent (vérifier d'où l'on part, de quelle acception ou connotation du mot du sujet, de la notion on part) et méfiant (que voudrait-on nous faire dire? Le sujet est-il acceptable en l'état?) vis-à-vis du sujet posé. C'est de la profondeur, du détail, de la plasticité et de l'inventivité de vos questionnements que dépendent la qualité de la réflexion qui va servir d'ossature à toute la dissertation. On doit, pour chaque sujet de dissertation, commencer par lire la question posée, la relire, la reformuler au besoin et la décomposer, comme suit. Pourquoi le sujet en est-il venu à se poser? Que suppose le sujet posé ainsi? Que signifient en général, la plupart du temps, les mots du sujet? Que fait-on dire en général, la plupart du temps à l'œuvre étudiée ? Les mots du sujet collent-ils bien à l'œuvre? Conviennent-ils? Sonnent-ils mal entre eux et lorsqu'on les met en relation avec le sujet ? Auriez-vous dit les choses en ces termes? Les mots sont-ils excessifs? Justement trouvés? En deçà de la vérité? Quel est l'aboutissement naturel, i.e. sous-entendu du sujet si on le prend au pied de la lettre? Qu'est-on porté à croire? Un PRÉALABLE fondamental: définir & faire parler les termes du sujet Repérer le mot-clé, le nœud du sujet; si le sujet comprend deux mots-clés, engageant deux notions, deux idées, les examiner chacun pour lui-même puis étudier leur interaction (surenchère de l'un par l'autre? Concurrence? Opposition? Compatibilité?) Rechercher le sens des mots: installer une app-dictionnaire (Larousse, Le Robert) (payante) sur son smartphone ou sa tablette, ou un cd-rom du dictionnaire. Ou bien, chercher sur Le Littré numérisé et mis en ligne. Chercher l'étymologie, le sens premier/second, propre/figuré du mot, bref, étudier l'origine du mot, son historique, son évolution (glissement de sens éventuel dans l'usage etc.), et réfléchir à partir de ses éventuelles connotations (péjoratif vs laudatif). Pour aller plus loin, cette plateforme lexicale et morphologique, précise et maniable, générée par le CNRS: http://www.cnrtl.fr/definition/ Recenser les expressions toutes faites, locutions figées, tournures dans lesquelles le mot-clé repéré apparaît: quel sens donne-t-on alors au mot? Quel(s) sous-entendu(s)? Quelle(s) connotation(s)? NOTA BENE: cette réflexion sur les mots du sujet ne donnera pas, tel quel, un paragraphe en introduction. Elle permet de déclencher et diriger le questionnement. Ses résultats se retrouveront tout au long de votre raisonnement au fil de la dissertation. ASTUCE : Pour lancer le questionnement, récapituler comment on a compris l'œuvre étudiée, et se demander quelle question de dissertation on aurait, si l'on avait été concepteur de sujet de bac, donnée à ses élèves. Cette petite opération mentale permet de réactiver en soi l'interprétation que l'on a réalisée de l'œuvre et ce que l'on y a identifié de fondamental. Condition sine qua non : connaître l'œuvre A partir de la session des EAF 2020, au sein des épreuves écrites, la dissertation est une dissertation sur œuvre, c'est-à-dire qu'elle portera, non plus sur une grande question littéraire d'ensemble, mettant en jeu tout un genre ou toute une tradition littéraire, mais bien sur un support resserré, à savoir une des œuvres au programme, et sera à l'écrit, un des deux exercices au choix (commentaire OU dissertation), pendant 4 heures. Si le commentaire porte sur un texte peut-être inconnu du candidat (on peut espérer cependant, sur un texte issu du grand patrimoine littéraire francophone du 16e siècle à nos jours), la dissertation portera donc forcément sur un travail accompli pendant l'année scolaire: le candidat sérieux sera valorisé pour sa maîtrise de l'oeuvre. La dissertation se pratique, au bac écrit, SANS le livre. On pourra, afin de préparer des exemples à commenter dans sa copie, apprendre des citations de l'œuvre. Les deux présupposés de l'exercice et les deux conditions de sa réussite sont: une connaissance précise de l'œuvre, avec une capacité à en citer ou désigner des passages significatifs, pris comme appui ou illustration du raisonnement sur le sujet posé; une exploitation finement critique de la formulation du sujet: il faut faire parler les mots du sujet, voire étudier leurs présupposés mais aussi ce qu'ils sous-entendent et ce qu'ils impliquent. L'intégration des références à l'œuvre Citer ? La dissertation sur œuvre se doit se référer à l'œuvre, en pointant et en exploitant des passages précis (identifiables, aisés à retrouver) textuellement cités ou résumés, mais incorporés à l'étude ; on peut ainsi intégrer des formules éclairantes, des citations ciblées (pas de paragraphes entiers, des strophes entières ou des tartines de texte en revanche) et veiller à ce que l'utilisation de ces passages (des mots ou groupes de mots au plus, donc) soient intégrés avec fluidité dans le corps de votre propos: n'isolez pas artificiellement le texte cité. Se constituer un "stock" de références en vue de l'examen Le jour du bac, le candidat ne dispose pas de l'œuvre: seront avantagés ceux qui disposent d'une bonne mémoire ou se seront constitué, tout au long de l'année scolaire, un répertoire de citations brèves, pertinentes, aisément réutilisables, bref se seront constitué un un stock de références et citations, tout prêt à l'emploi, dans un coin de sa mémoire, qui comporterait des formules-clés et des formules éclairantes sur l'œuvre ou des dimensions de l'œuvre littéraire étudiée (par exemple organisé par thèmes présents dans l'œuvre, ou bien texte par texte, extrait après extrait étudié...). On conseille par exemple aux élèves de première, directement concernés par l'exercice de dissertation sur œuvre au bac, de se constituer au fil ou au terme de chaque séquence un recueil de citations, sous forme de carnet de lecture, ou, à à partir des textes étudiés, sous forme de padlet ou équivalent, dont j'ai fourni ici un exemple: https://www.lydiablanc.fr/post/réviser-montaigne Pour quel rendu ? Cf. sur mon site des exemples de dissertation sur œuvre traités: https://www.lydiablanc.fr/post/la-dissertation-sur-oeuvre-exemples mais également https://www.lydiablanc.fr/post/e-copies (en fin de page web, des exemples de bonnes copies de dissertations sur œuvre comme on les attend désormais au bac) qui ont su intégrer des exemples à leur raisonnement. Conventions rédactionnelles et architecture du devoir Inchangées par rapport à ce qui se pratiquait et se préparait au lycée jusqu'à présent: un propos intégralement rédigé, c'est-à-dire qui fait disparaître toutes les marques du brouillon, du plan et tout signe mathématique (sauf numéros de vers, lignes et dates) ou toute abréviation. Un propos général et adoptant un ton neutre et expert au moyen d'une langue soignée. On évitera ainsi la posture subjective (première personne du singulier "je" à proscrire: on préférera le ton objectif d'un "on" ou "nous" de modestie ou "il" impersonnel dans "il s'agira de..."). On se gardera de tout jugement personnel sur l'auteur ou sur l'œuvre: "l'auteur a bien fait de..." , "le texte va trop loin en affirmant que...", "le poème, très réussi, ...". On pensera enfin à adapter son niveau de langue à cette qualité d'analyste-expert du texte visée: pas de "l'auteur en fait des tonnes" qui pourra être exprimé ainsi: "l'auteur ne ménage pas ses effets" ou "L'auteur procède par hyperbole et insiste sur...". ÉTAPES du devoir En introduction, on présentera le mot-clé ou la notion-clé (exprimée ou sous-entendue) du sujet, éventuellement l'historique de la notion reprendre la question = la problématiser: il s'agit là, étape cruciale, de "poser des questions à la question", faire parler le sujet (en détecter les nœuds, les zones d'intérêt); puis son plan prévisionnel (grandes parties: deux ou trois), dans ses grandes lignes (on gardera la détail de la mise en œuvre pour le développement). Au développement, aisément repérable (saut de ligne avant, saut de ligne après) à l’œil nu: on veillera à ménager ample, étayé, et progressif au moyen de sous-parties (repérables au moyen d'un alinéa au début du paragraphe) au sein d'un devoir aéré (ne pas hésiter à sauter des lignes, mais seulement quand c'est nécessaire, par exemple pour isoler le développement central). On pensera à placer les éléments forts de son raisonnement ou plus originaux, voire polémiques, en fin de développement. Chaque lancement de grande partie (= prenant la forme d'un titre dans le brouillon: vos I, II, III éventuel) devra contenir le mot-clé et jouer avec (le renforcer, le contredire, le prendre comme point de départ, le redéfinir). Ne pas oublier de fréquemment reprendre le mot-clé du sujet: on part de ce mot-clé et on revient toujours à ce mot-clé, véritable point névralgique du sujet. C'est dans le développement qu'il faut justifier ses affirmations par des recours au texte (pour un devoir en six sous-parties, cela fait au moins six références ciblées à un passage de l'œuvre, passage expliqué, exploité, mis au service d'une étape de notre raisonnement. Ce passage peut-être littéralement cité (pour ceux qui sont dotés d'une bonne mémoire!) ou simplement évoqué, mais alors avec un bon degré de précision tout de même. La règle est qu'on ne dit rien de gratuit. Ce qu'on dit, on a des raisons de le dire, et on en retrouve une illustration dans l'œuvre étudiée support du sujet posé. On peut aussi, dans une moindre mesure, faire référence au parcours associé pour apporter une preuve supplémentaire. Idem des œuvres de lectures cursives, qui peuvent aussi faire office de références extérieures aptes à valoriser une étude d'œuvre en offrant des points de comparaison ponctuelle. La conclusion, en deux sous-parties: fait le point sur l'avancée de la pensée, résume les grands étapes du cheminement suivi (= phase-bilan): On veillera au chemin parcouru du point de départ (la doxa, les idées reçues, les évidences de départ d'abord suscitées par le sujet) jusqu'au point d'arrivée (ce que notre raisonnement a mis à jour). Une dissertation réussie permet toujours de dépasser les mots de départ du sujet pour les re-définir au bout du compte. puis ouvre la perspective (= ouverture) en tentant de poser le même problème à une autre œuvre littéraire ou un autre art (= exemple supplémentaire, inédit, 'extérieur' rapidement commenté pour en prouver la pertinence). Comme toujours, on veillera à ce que la référence (à une œuvre voire à une pensée critique, à un commentaire de spécialiste), soit bien calibrée (ni trop floue ni trop développée), valorisante (pas de référence opportuniste à l'actualité et la vie des médias, pas de référence trop générationnelle ou considérée comme trop grand public), transmissible (à quoi bon une référence à un domaine culturel inconnu ? - ex. référence à un écrivain moldave du 19e siècle ... certes mais n'y avait-il pas plus évident et percutant ?). On évitera donc la question trop ouverte ("Et on se peut se demander quel est le destin de l'homme." - Hum hum ...) (Des générations de philosophes ont déjà essayé, sans réponse !) ou trop évidente ("On pourra se demander si dans le roman aussi il n'existe pas d'anti-héros.") (question déjà résolue à laquelle un minimum de culture répond déjà sans ambiguïté: oui, il y en a, et plein!). EXEMPLE de mise en œuvre conforme FAQ Euh... l'intérêt d'une dissertation? Montrer, au fond, que l'œuvre lue et étudiée, est complexe, originale, intéressante, que c'est une œuvre de qualité (qui justifie d'être donnée à étudier à des lycéens capables de comprendre, évidemment.) Une bonne dissertation montre toujours qu'au-delà de son sens littéral, une œuvre littéraire est riche de sa complexité et de ses implications. Quels critères d'évaluation pour une copie de dissertation? La bonne prise en compte des termes du sujet, qui ne doivent ni être évacués ni sous-estimés, ni être aveuglément approuvés ou pris pour acquis. Il ne faut pas hésiter à chercher leur signification dans des dictionnaires et évaluer ce qu'ils veulent dire, comment ils sont d'ordinaire employés, s'ils se rattachent à un champ sémantique ou à un contexte particulier, s'ils font encore écho ou pas, s'ils sont obscurs ou pas, imagés ou pas... (cela est à évaluer et commenter au besoin!) etc. La bonne connaissance d'une œuvre lue, comprise, étudiée. La qualité rédactionnelle (langue française, syntaxe, style, précision et justesse du vocabulaire), La fluidité et la logique d'un raisonnement (attention aux répétitions ou incohérences), l'originalité et la profondeur d'une réflexion personnelle critique sur une œuvre littéraire. Savoir exploiter le moindre aspect de l'œuvre, faire parler des exemples, aller au-delà du sens littéral sont des atouts. Y a-t-il un plan-type ? Non, il y a autant de plans que de visions de la question posée et que de manières de voir et analyser une oeuvre. Néanmoins, il serait idiot de balayer d'emblée le sujet tel qu'il est posé (ce qu'il dit, ce qu'il sous-entend, ce qu'il implique) parfois formulé au moyen d'une citation (de critique ou spécialiste universitaire) et on attend quand même de tous les candidats qu'ils commencent (dans une première grande partie) par justifier les termes du sujet, pour en questionner ensuite les limites voire les impasses. Il y a donc quand même des zones attendues mais pas "passages (strictement) obligés" dans une dissertation. Et si je ne pense pas "comme le correcteur de bac"? Le correcteur a peut-être une vision du sujet et une lecture de l'œuvre, mais rien ne dit qu'elle soit immuable (elle peut varier avec le temps au gré de ses relectures) (cela nous arrive à tous de varier ou affiner un premier avis sur une œuvre au fil de nos relectures ou re-visionnages au tout simplement au regard de notre expérience, en mûrissant et en vieillissant). Le correcteur a l'obligation morale et déontologique (c'est l'essence-même de son métier) de valoriser la réflexion des élèves, son métier n'est pas d'imposer sa vision aux élèves. Le correcteur espère même sans doute au fond de lui, que le regard des candidats va lui apporter des choses qu'il n'avait pas vues ou avait sous-estimées. Le correcteur souhaite trouver matière à stimulation intellectuelle dans ses copies (et cela arrive plus qu'on ne croit, car un cerveau de 17 ans a des choses à dire !) Et si je pense n'avoir pas assez de culture ? La culture, ça se construit, au fil des cours, des documents et annexes de cours (cf. sur ce site, voir sur PRONOTE aussi où des documents additionnels sont joints à chaque séance du cahier de textes, voir le manuel scolaire...). Le professeur fournit des références, des documents photocopiés ou mis en ligne, qui sont toujours des suggestions qui augmentent une culture générale et littéraire et à très court terme, doivent enrichir notre étude de telle ou telle œuvre. Il revient aux élèves de savoir ces occasions chaque fois qu'elles se présentent, sous la forme la plus minime comme une référence, un nom propre ou un titre d'œuvre fourni en classe et écrit au tableau.
- EAF 2021
Réviser les exercices écrit (commentaire, dissertation), oral (lecture, présentation d'oeuvre) point METHODE Conditions, déroulement des épreuves faisant suite aux aménagements par décision ministérielle d'avril-mai 2021 cf. tout sur l'oral du bac de français NOTA BENE Nouvelle modification au 03/06/2021, concernant les oraux des EAF ("bac de français"), https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo22/MENE2116952N.htm et plus précisément, concernant la seconde partie de l'oral, l'œuvre choisie (celle défendue par le candidat, intégrale ou cursive) ne sera laissée à sa disposition que pour l'entretien (comprendre: la seconde partie de la seconde partie de l'épreuve, d'une durée de 5 mn). Pendant la présentation proprement dite par le candidat (3 mn), pour citer un passage du texte, ce sera donc, si le candidat y tient, de mémoire ... S'agissant de la partie de l'épreuve orale dédiée à la présentation de l’œuvre choisie par le candidat, ce dernier pourra disposer de l'ouvrage qu'il aura apporté avec lui pendant l'entretien avec l'examinateur. Annales 2020 sujet tombé en centre DOM-TOM, Nlle Calédonie, 2020 commentaire: roman dissertation: poésie Annales 2021 avec aménagements COVID: dédoublement des sujets proposés aux candidats * en évidence: les œuvres étudiées cette année avec mes classes. * Double sujet Washington 2021 Double sujet Liban 2021 Sujet métropole juin 2021 Premières impressions (généralités) sur les sujets (série générale) Le texte de FLAUBERT que j'avais en tête en planchant sur PEREC : Conseils de révisions Recommandations aux candidats par le Rectorat d'Aix-Marseille en vue des oraux de juin 2021
- 'Vendredi ou les limbes du Pacifique'
Le groupement de textes introductif le fantasme de l'île déserte et du "Paradise lost" L'auteur Michel TOURNIER parle de son roman L'auteur et le refus des mausolées Hommage par R. Enthoven L'œuvre Les 3 extraits étudiés Etude de l'incipit Etude du chapitre 9 Comparaison incipit/excipit cours du 02/06/2021 Le cours réalisé en classe (durée: 1h) Etude transversale textes sur "le végétal" dans le roman synthèse rapide Evaluations Le DM obligatoire de commentaire de texte à rendre Annexe. Le Robinson de Patrick CHAMOISEAU Sujet du DM de commentaire pour le 12.05.2021 Dissertation sur œuvre obligatoire DISSERTATION. Dans quelle mesure le roman étudié, Vendredi ou les limbes du Pacifique, est-il, comme l’affirme Patrick CHAMOISEAU, l’histoire d’une « humanisation » ?
- Programmation annuelle 2020-'21
En 2nde et 1e Pour mes classes de première (104, 107) et seconde (215), ci-dessous le planning des oeuvres (à acheter, dans l'ordre prévisionnel de leur étude en classe) et l'armature du calendrier des évaluations (s'y ajouteront devoirs de grammaire etc.). Les hyperliens actifs permettent également d'aborder les oeuvres. Pour rappel, le cadrage ministériel définissant les programmes applicables au lycée depuis la Réfome 2019 des programmes est disponible : pour la seconde : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/SP1-MEN-22-1-2019/92/8/spe575_annexe1_1062928.pdf pour la première : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/SP1-MEN-22-1-2019/93/0/spe575_annexe2_1062930.pdf et https://www.education.gouv.fr/bo/20/Hebdo18/MENE2009217N.htm LES TEXTES PROGRAMMATION ANNUELLE, classes de mme BLANC, 2020-'21 Extraits pré-découpés, 1e & 2nde Les élèves, et en particulier ceux de première, auront à cœur, dans la mesure du possible, de se procurer les livres dans les éditions conseillées pour les présenter le jour de l'oral et pouvoir les feuilleter et consulter avec leur examinateur. A défaut, ils pourront se doter d'un porte-vues contenant les extraits ciblés, c'est-à-dire délimités par le professeur et expliqués en classe. Il revient alors aux élèves : d'imprimer les textes (recto A4, vierges de toute annotation) et de les ranger dans l'ordre des séquences étudiées ou bien de générer des dossiers virtuels (accessibles même hors connexion) pour, à tout moment, en disposer sur la tablette (fournie par la Région Sud). Quel que soit le biais d'accès choisi, chaque élève aura forcément les textes et documents relatifs à la séquence de cours concernée. en première, consultables et téléchargeables au format pdf : https://www.dropbox.com/sh/sn1v1l8ug64onan/AAC8vD8eQ8BjOFGQL8t7cgYQa?dl=0 en seconde, consultables et téléchargeables au format pdf: https://www.dropbox.com/sh/uxpzle2oensb347/AADqYcZvpZNgSBItrWDCb9iQa?dl=0 LES EVALUATIONS Les élèves ont des évaluations qui correspondent aux compétences acquises et sanctionnées en lycée, selon les nouveaux programmes (Réforme '19): commentaire dissertation sur œuvre oral grammaire Sujets des DM de commentaire littéraire, 1e & 2nde NOTA BENE Les sujets de dissertation figurent dans le récap' de la programmation annuelle (supra). Les sujets de commentaire sont en revanche à récupérer (hyperlien public sur Dropbox puis téléchargement de chaque fichier au format pdf), niveau par niveau, ci-dessous: en première : https://www.dropbox.com/sh/1zdmyy8t0s6wk00/AAC4PVgcVkVAnszhZ2NjZkPaa?dl=0 en seconde : https://www.dropbox.com/sh/v4lj08oahed3czx/AAAVqxUb-jogvtR9hnbx33Eba?dl=0 Les séquences avec les programmations séquentielles et les documents & annexes de cours dans l'ordre chronologique de leur étude au fil de 2020/21 première la littérature d'idées, MONTAIGNE, notre monde vient d'en trouver un autre le roman, Madame de la LA FAYETTE, individu, morale et société la poésie, APOLLINAIRE, Modernité poétique? le théâtre: JM LAGARCE, Crise personnelle, crise familiale seconde la poésie du Moyen-âge au 18e, une forme faussement fixe, le sonnet (16e-17e s.) la littérature d'idées 19e-20e s., la pauvreté, rentable en art? le théâtre, la tragédie au 17e s. RACINE; la tragédie au 20e s. CAMUS; le théâtre, le drame romantique, DUMAS le récit, voyager entre enfer et paradis : VOLTAIRE; Michel TOURNIER
- Un drame romantique "La tour de Nesle"
Le romantisme un exemple en peinture: DELACROIX, 1827 (i.e. peu de temps avant le texte de DUMAS) cf. https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/la-mort-de-sardanapale Document préparatoire, support de la réflexion l'espace scénique au théâtre: moyens du dramaturge, statut du spectateur Le drame romantique Présentation du drame romantique: cadres & principes Du drame au mélodrame par Fl. NAUGRETTE Alexandre Dumas Analyse d'un portrait photo par Claude SCHOPP (éd. de la Tour de Nesle en folio Gallimard) https://histoire-image.org/fr/etudes/portraits-alexandre-dumas Sur les traces de l'auteur Une biographie dynamique et alerte, par LE spécialiste du Romantique dumassien, Sylvain LEDDA Programmation séquentielle pour un travail en semi-autonomie en période d'enseignement hybride Le héros romantique sur scène groupement préparatoire Les extraits sélectionnés, supports de cours Entraînement à la lecture à haute voix Sélectionnez un des neuf extraits (réplique, tirade ou monologue) ci-dessous et présentez-en la lecture expressive et significative à l'oral en classe. Texte complémentaire: Lucrèce Borgia (Prêt.e pour un jeu des 7 différences?) Quel texte vous semble dépeindre l'héroïne déchue la plus marquante/émouvante/convaincante ? Résultat du comparatif (c'est UNE réponse possible): Devoir de commentaire (entrainement facultatif) pour le 24/03/'21 Et son corrigé
- L'écrit au bac
Depuis 2019, la question se pose à l'écrit, en filière générale, du choix de l'exercice en 4 heures: dissertation sur œuvre ou commentaire. Nota bene 1. Le candidat ne dispose pas des œuvres pendant l'épreuve. 2. Le sujet comporte deux parties distinctes (portant sur deux objets d'étude différents) pour un seul exercice à choisir: commentaire ou dissertation. Différences entre commentaire/dissertation 1/2 - Le commentaire ATTENTION: commenter n'est pas résumer, et analyser n'est pas raconter le texte ! Quelques préalables: repérer, désigner, exploiter les mots-clés de l'analyse en français; Que sous-entendent les notions en français? Comment se répondent-elles les unes aux autres? pour démarrer un commentaire de texte: les 10 questions de base à poser à tout texte littéraire; Comment approfondir sa remarque et amplifier son propos? Comment donner sens à l'observation? (Ce dernier pdf examine toutes les questions et sous-questions enchaînées à se poser, en vérifiant, hypothèse après hypothèse, si notre simple remarque peut s'interpréter et s'insérer dans un projet de lecture global. ) La problématique d'un commentaire (écrit) Trouver une problématique de commentaire et se former à l'art du commentaire; Une problématique doit être : - unique (une seule question, sur un seul aspect, ample mais unique), (pas de "en quoi le texte est-il d'abord comique puis ensuite tragique?" mais plutôt "en quoi la tonalité du texte est-elle ambiguë?"; - spécifique: adaptée à ce texte en particulier (pas de "en quoi le texte est-il typique d'un extrait de roman?" or on peut imaginer que tous les extraits d'un roman sont, dans la majorité des cas, typiques d'une narration romanesque !) - simple, accessible (ni jargon ni technicisme abscons) (au lieu de "En quoi le texte est-il épidictique?", on demandera plus simplement: "en quoi le texte est-il critique?") - littéraire (de façon à questionner des moyens d'écriture en fonction de fins esthétiques). Cela signifie: pas de questionnement psy sur les personnages: "en quoi le personnage est-il malheureux?" devenant plutôt "comment, en quoi le pathos gagne-t-il tout le texte?"); bref, il s'agit d'adopter un regard d'analyste littéraire, d'expert littéraire. On évitera aussi le questionnement en forme de jugement de valeur péremptoire: "en quoi le personnage a-t-il tort?" qui avec le recul de l'expert en littérature, deviendra plutôt: "en quoi le personnage devient-il anti-héros?" Les 4 étapes d'un commentaire à partir d'un texte littéraire à lire attentivement, il s'agira de dégager des points d'analyse (= le brouillon) puis d'élaborer un plan, pour finaliser la rédaction intégrale du commentaire. Suivant ce schéma, l'exemple pris (excipit de Jan Karski, par Yannick HAENEL, Gallimard, 2009) nous permet d'obtenir les 4 phases: cf. https://www.lydiablanc.fr/post/le-travail-de-commentaire-théorie-pratique 2/2 - La dissertation sur œuvre Recommandations officielles On consultera, sur le site ministériel éduscol, les objectifs et le format de la dissertation sur œuvre, tels que les entend le Ministère. C'est dans cet esprit qu'il faudra désormais envisager l'exercice. Généralités sur la dissertation nouvelle formule A partir de la session des EAF 2020, au sein des épreuves écrites, la dissertation est une dissertation sur œuvre, c'est-à-dire qu'elle portera, non plus sur une grande question littéraire d'ensemble mettant en jeu tout un genre ou toute une tradition littéraire, mais bien sur un support resserré, à savoir une des œuvres au programme, et sera à l'écrit, un des deux exercices au choix (commentaire OU dissertation), pendant 4 heures. Si le commentaire porte sur un texte peut-être inconnu du candidat (on peut espérer cependant, sur un texte issu du grand patrimoine littéraire francophone du 16e siècle à nos jours), la dissertation portera donc forcément sur un travail accompli pendant l'année scolaire: le candidat sérieux sera valorisé pour sa maîtrise de l'œuvre. La dissertation se pratique au bac écrit sans le livre. La dissertation requiert donc une connaissance fine de l'œuvre: son déroulement, son fonctionnement, sa signification. On pourra, afin de préparer des exemples à commenter dans sa copie, apprendre des citations de l'œuvre. Les deux présupposés de l'exercice et les deux conditions de sa réussite sont: une connaissance précise de l'œuvre, avec une capacité à en citer ou désigner des passages significatifs, pris comme appui ou illustration du raisonnement sur le sujet posé; une exploitation finement critique de la formulation du sujet: il faut faire parler les mots du sujet, voire étudier leurs présupposés mais aussi ce qu'ils sous-entendent et ce qu'ils impliquent. La structure de la dissertation reste inchangée par rapport à ce qui se pratiquait et se préparait au lycée jusqu'à présent: un propos intégralement rédigé, c'est-à-dire qui fait disparaître toutes les marques du brouillon, du plan et tout signe mathématique (sauf numéros de vers, lignes et dates) ou toute abréviation. Un propos général et adoptant un ton neutre, expert au moyen d'une langue soignée. On évitera ainsi la posture subjective (première personne du singulier "je" à proscrire: on préférera le ton objectif d'un "on" ou "nous" ou "il" impersonnel dans "il s'agira de..."). On se gardera de tout jugement personnel sur l'auteur ou sur l'œuvre: "l'auteur a bien fait de..." , "le texte va trop loin en affirmant que...", "le poème, très réussi, ...". On pensera enfin à adapter son niveau de langue à cette qualité d'analyste-expert du texte visée: pas de "l'auteur en fait des tonnes" qui pourra être exprimé ainsi: "l'auteur ne ménage pas ses effets" ou "L'auteur procède par hyperbole et insiste sur...". UN PRÉALABLE fondamental: définir & faire parler les termes du sujet Repérer le mot-clé, le nœud du sujet; si le sujet comprend deux mots-clés, engageant deux notions, deux idées, les examiner chacun pour lui-même puis étudier leur interaction (surenchère de l'un par l'autre? Concurrence? Opposition? Compatibilité?) Rechercher le sens des mots: installer une app-dictionnaire (Larousse, Le Robert) (payante) sur son smartphone ou sa tablette, ou un cd-rom du dictionnaire. Ou bien, chercher sur Le Littré numérisé et mis en ligne. Chercher l'étymologie, le sens premier/second, propre/figuré du mot, bref, étudier l'origine du mot, son historique, son évolution (glissement de sens éventuel dans l'usage etc.), et réfléchir à partir de ses éventuelles connotations (péjoratif vs laudatif). Pour aller plus loin, cette plateforme lexicale et morphologique générée par le CNRS: http://www.cnrtl.fr/definition/ Recenser les expressions toutes faites, locutions figées, tournures dans lesquelles le mot-clé repéré apparaît: quel sens donne-t-on alors au mot? Quel(s) sous-entendu(s)? Quelle(s) connotation(s)? NOTA BENE: cette réflexion sur les mots du sujet ne donnera pas, tel quel, un paragraphe en introduction. Elle permet de déclencher et diriger le questionnement. Ses résultats se retrouveront tout au long de votre raisonnement au fil de la dissertation. ASTUCE: Pour lancer le questionnement, récapituler comment on a compris l'œuvre étudiée, et se demander quelle question de dissertation on aurait, si l'on avait été concepteur de sujet de bac, donnée à ses élèves. Cette petite opération mentale permet de réactiver en soi l'interprétation que l'on a réalisée de l'œuvre et ce que l'on y a identifié de fondamental. ÉTAPES du devoir de DISSERTATION En introduction, on présentera le mot-clé ou la notion-clé (exprimée ou sous-entendue) du sujet, éventuellement l'historique de la notion puis son plan prévisionnel (grandes parties: deux ou trois). Au développement, aisément repérable (saut de ligne avant, saut de ligne après) à l’œil nu: on veillera à ménager ample, étayé, et progressif au moyen de sous-parties (repérables au moyen d'un alinéa au début du paragraphe) au sein d'un devoir aéré (ne pas hésiter à sauter des lignes, mais seulement quand c'est nécessaire, par exemple pour isoler le développement central). On pensera à placer les éléments forts de son raisonnement ou plus originaux, voire polémiques, en fin de développement. Chaque lancement de grande partie (= prenant la forme d'un titre dans le brouillon: vos I, II, III éventuel) devra contenir le mot-clé et jouer avec (le renforcer, le contredire, le prendre comme point de départ, le redéfinir). Ne pas oublier de fréquemment reprendre le mot-clé du sujet: on part de ce mot-clé et on revient toujours à ce mot-clé, véritable point névralgique du sujet. C'est dans le développement qu'il faut justifier ses affirmations par des recours au texte (pour un devoir en six sous-parties, cela fait au moins six références ciblées à un passage de l'oeuvre, passage expliqué, exploité, mis au service d'une étape de notre raisonnement. Ce passage peut-être littéralement cité (pour ceux qui sont dotés d'une bonne mémoire!) ou simplement évoqué, mais alors avec un bon degré de précision tout de même. La règle est qu'on ne dit rien de gratuit.Ce qu'on dit, on a des raisons de le dire, et on en retrouve une illustration dans l'oeuvre étudiée support du sujet posé. On peut aussi, dans une moindre mesure, faire référence au parcours associé pour apporter une preuve supplémentaire. Idem des œuvres de lectures cursives, qui peuvent aussi faire office d'ouvertures de la perspective en fin de devoir. La conclusion se composera ainsi de deux sous-parties: fait le point sur l'avancée de la pensée, résume les grands étapes du cheminement suivi (= phase-bilan): On veillera au chemin parcouru du point de départ (la doxa, les idées reçues, les évidences de départ d'abord suscitées par le sujet) jusqu'au point d'arrivée (ce que notre raisonnement a mis à jour). Une dissertation réussie permet toujours de dépasser les mots de départ du sujet pour les re-définir au bout du compte. puis ouvre la perspective (= ouverture) en tentant de poser le même problème à une autre oeuvre littéraire ou un autre art (= exemple supplémentaire, inédit, 'extérieur' rapidement commenté pour en prouver la pertinence). Comme toujours, on veillera à ce que la référence (à une œuvre voire à une pensée critique, à un commentaire de spécialiste), soit bien calibrée (ni trop floue ni trop développée), valorisante (pas de référence opportuniste à l'actualité et la vie des médias, pas de référence trop générationnelle ou considérée comme trop grand public), transmissible (à quoi bon une référence à un domaine culturel inconnu ? - ex. référence à un écrivain moldave du 19e siècle ... certes mais n'y avait-il pas plus évident et percutant ?). On évitera donc la question trop ouverte ("Et on se peut se demander quel est le destin de l'homme." - Hum hum ...) (Des générations de philosophes ont déjà essayé, sans réponse !) ou trop évidente ("On pourra se demander si dans le roman aussi il n'existe pas d'anti-héros.") (question déjà résolue à laquelle un minimum de culture répond déjà sans ambiguïté: oui, il y en a, et plein!) FAQ sur la dissertation Euh... l'intérêt d'une dissertation? Montrer, au fond, que l'oeuvre lue et étudiée, est complexe, originale, intéressante, que c'est une oeuvre de qualité (qui justifie d'être donnée à étudier à des lycéens capables de comprendre, évidemment.) Une bonne dissertation montre toujours qu'au-delà de son sens littéral, une œuvre littéraire est riche de sa complexité et de ses implications. Quels critères d'évaluation pour une copie de dissertation? La bonne prise en compte des termes du sujet, qui ne doivent ni être évacués ni sous-estimés, ni être aveuglément approuvés ou pris pour acquis. Il ne faut pas hésiter à chercher leur signification dans des dictionnaires et évaluer ce qu'ils veulent dire, comment ils sont d'ordinaire employés, s'ils se rattachent à un champ sémantique ou à un contexte particulier, s'ils font encore écho ou pas, s'ils sont obscurs ou pas, imagés ou pas... (cela est à évaluer et commenter au besoin!) etc. La bonne connaissance d'une oeuvre lue, comprise, étudiée. La qualité rédactionnelle (langue française, syntaxe, style, précision et justesse du vocabulaire), La fluidité et la logique d'un raisonnement (attention aux répétitions ou incohérences), l'originalité et la profondeur d'une réflexion personnelle critique sur une œuvre littéraire. Savoir exploiter le moindre aspect de l'œuvre, faire parler des exemples, aller au-delà du sens littéral sont des atouts. Y a-t-il un plan-type ? Non, il y a autant de plans que de visions de la question posée et que de manières de voir et analyser une œuvre. Néanmoins, il serait idiot de balayer d'emblée le sujet tel qu'il est posé (ce qu'il dit, ce qu'il sous-entend, ce qu'il implique) parfois formulé au moyen d'une citation (de critique ou spécialiste universitaire) et on attend quand même de tous les candidats qu'ils commencent (dans une première grande partie) par justifier les termes du sujet, pour en questionner ensuite les limites voire les impasses. Il y a donc quand même des zones attendues mais pas "passages (strictement) obligés" dans une dissertation. Et si je ne pense pas "comme le correcteur de bac"? Le correcteur a peut-être une vision du sujet et une lecture de l'œuvre, mais rien ne dit qu'elle soit immuable (elle peut varier avec le temps au gré de ses relectures) (cela nous arrive à tous de varier ou affiner un premier avis sur une œuvre au fil de nos relectures ou re-visionnages au tout simplement au regard de notre expérience, en mûrissant et en vieillissant). Le correcteur a l'obligation morale et déontologique (c'est l'essence-même de son métier) de valoriser la réflexion des élèves, son métier n'est pas d'imposer sa vision aux élèves. Le correcteur espère même sans doute au fond de lui, que le regard des candidats va lui apporter des choses qu'il n'avait pas vues ou avait sous-estimées. Le correcteur souhaite trouver matière à stimulation intellectuelle dans ses copies (et cela arrive plus qu'on ne croit, car un cerveau de 17 ans a des choses à dire !) Et si je pense n'avoir pas assez de culture ? La culture, ça se construit, au fil des cours, des documents et annexes de cours (cf. sur ce site, voir sur PRONOTE aussi où des documents additionnels sont joints à chaque séance du cahier de textes, voir le manuel scolaire...). Le professeur fournit des références, des documents photocopiés ou mis en ligne, qui sont toujours des suggestions qui augmentent une culture générale et littéraire et à très court terme, doivent enrichir notre étude de telle ou telle œuvre. Il revient aux élèves de savoir ces occasions chaque fois qu'elles se présentent, sous la forme la plus minime comme une référence, un nom propre ou un titre d'œuvre fourni en classe et écrit au tableau. Un exemple de dissertation sur œuvre traitée A partir de APOLLINAIRE, Alcools (parcours associé: "Modernité poétique?") Exemple de sujet de dissertation: A propos de Baudelaire, Walter Benjamin avait écrit : « Cette poésie n’est pas un art local, le regard que l’allégoriste pose sur la ville est au contraire le regard du dépaysé. » (Walter Benjamin, « Paris, capitale du XIXe siècle » [extraits], in Œuvres, III, Folio/Essais, Paris, Gallimard, 2000.) Lire Alcools est-ce aussi devenir ce flâneur dépaysé? Sujet traité (rédigé): Apollinaire est un poète du voyage, de la flânerie, de la promenade, qu’elle se fasse en avion, en barque ou à pied, à en lire Alcools. Sa déambulation dans Paris semble cartographiable : il s’agit de passer par Auteuil, de longer les bords de Seine, de méditer près du « Pont Mirabeau ») ou de frémir aux abords de l’inquiétante prison de la Santé qui donne son nom à un poème de la fin du recueil ; nous serions en territoire connu, au moins au plan géographique. Est-ce à dire que dans Alcools, tout nous y serait familier ? ou Dépaysant ? Peut-on aller jusqu’à parler de « non-lieux » dans Alcools ? Quant à celui qui y déambule, sait-il bien dans quoi il s’aventure ? On pourrait ainsi avec Walter Benjamin qui appliquait le vocable à Baudelaire, se demander si Alcools est un recueil fait pour nous donner des repères ou nous en faire perdre. Avec Apollinaire et Alcools, sommes-nous dans une poésie qui dépayse, balise ou re-payse ? Nous verrons en quoi ce recueil a de quoi nous égarer, puis qu’il est faussement exotique, pour enfin, considérer l’espace modifié qu’il nous fait parcourir, et de là, quel lecteur renouvelé il fait de nous. Voyons d’abord comment Alcools nous déstabilise et nous délocalise, pour nous sortir d’un territoire poétique connu. Au plan formel d’abord, pas de ponctuation dans Alcools, même quand la grammaire en exigerait une : ainsi, une apposition au sujet réclame une virgule entre le nom et son apposé : « l’ours et le singe animaux sages ». La forme, très variable, très instable, ne nous laisse prendre aucune habitude de lecture : suite de distiques dans « La Loreley », enchaînement de trois quatrains dans « Les Colchiques », sizain de « Mes amis m’ont enfin avoué… » … et vers libres de « Zone » ou de « Vendémiaire », sans plus aucune forme fixe ou régulière susceptible d’être discernée. Rimes embrassées dans « les sept épées » ou « L’ermite », vs rimes croisées dans « Clotilde » ou simples échos sonores dans « La chanson du mal aimé » … Le lecteur doit s’attendre à toutes les configurations sonores. Au plan des thèmes abordés, Apollinaire ose imposer des images peu propices à la rêverie ou la contemplation : ainsi les vaches qui paissent dans le pré vénéneux des « Colchiques » ne répondent pas à la définition traditionnelle du lyrisme bucolique ou des méditations géorgiques. Par ailleurs, les références à une contemporanéité très technique comme les « avions », la métallique « tour Eiffel », la ferraille des « bidons » ou le dérisoire des « prospectus » semblent à mille lieues des motifs poétiques traditionnels défenseurs d’une beauté consensuelle et figée. Parallèlement à ce dépaysement lexical, formel, stylistique, prosodique et thématique, le recueil joue sur des effets de familiarité : « la Seine » (dans « le Pont Mirabeau ») ou « Ulysse » (dans « la chanson du mal aimé ») renvoient respectivement à une connaissance géographique et une culture mythologique universellement partagées. Le « Christ » dont il est question dans « Zone » ainsi que « Merlin » dans « Merlin et la vieille femme » sont des référents puissamment installés dans l’imaginaire et les croyances collectives. Apollinaire ne rechigne pas à quelques clichés, conscients et savamment entretenus : ainsi le motif de l’eau qui s’écoule ainsi que la mémoire et file comme les sentiments fonde toute la métaphore du « Pont Mirabeau » mais elle n’est pas inédite : l’écoulement comme déperdition transparaissait déjà dans la « Ballade du pendu » de Villon, avec « La pluie nous a débués et lavés ». Dans « Vendémiaire », ce sont « le feu », « l’éclair » et « les flammes » qui produisent leur effet destructeur, celui qu’on avait déjà dans les « Sonnets pour Hélène » : déjà Ronsard rappelait, dans le fameux sonnet « Quand vous serez bien vieille… », que (même) la muse « à la chandelle », « auprès du feu », « au foyer » subirait comme tout un chacun le cours du temps. Les grands topoï poétiques se retrouvent aussi dans Alcools : amours déçues ou révolues propices à la mélancolie (« Le Pont Mirabeau »), voyages (« le voyageur »), lyrisme exalté (« Poème lu au mariage d’André Salmon »), le mystère féminin (« Annie »)… On en déduit avec Apollinaire que la pioche dans le lot commun des thématiques moins qu’une facilité paresseuse, doit renvoyer le lecteur aux fondamentaux constitutifs de la vie d’un homme : la sensation d’une compilation de ces thèmes déjà vus veut affirmer la permanence des principaux enjeux d’une vie d’homme : l’amour et le goût du bonheur, la découverte d’horizons renouvelés, l’acquisition d’une expérience formatrice. Et si le véritable objet du poète n’était pas de se faire pionnier d’une terra incognita utopique mais bien de réinvestir les zones prises pour acquises, les lieux familiers et de les enrichir d’une vision nouvelle, bref, moins de dépayser que de re-payser les imaginaires comme les cadres de l’écriture ? Le rôle de l’écriture poétique ne se dessine-t-il pas avec Alcools comme un renouvellement des évidences moins par gymnastique virtuose que par souci de rétablir, de recouvrer une vérité perdue de vue? Ainsi, lire « Zone » ou « les Colchiques », c’est admettre un nouveau lyrisme possible, à partir d’éléments improbables parce qu’inhabituels (le métal, la ferraille, la mécanique) ou dissuasifs (les bovins) mais la surprise n’est pas gratuite : elle est le choc utile à une vraie remise en cause voire à une rééducation à la beauté perdue. Le poète procure donc au lecteur de nouveaux yeux pour surmonter les connotations habituelles ainsi que les apparences, par la transfiguration, en vue de retrouver l’état originel naturel : la tour Eiffel devenue « bergère », le poète « comme un ours », autant de signaux que la poésie moderne permet de retrouver, par l’apposition ou l’analogie, un état de nature oublié. La crainte aussi des espaces vides et latents explique une poésie de la re-localisation : on est frappé, dans Alcools, par le nombre d’exordes ou d’attaques en forme de compléments circonstanciels de lieu : « Sous le pont «Mirabeau » (« Le pont Mirabeau ») ou « à Londres » que l’on trouve au vers liminaire de « La chanson du mal-aimé », mais aussi «sur les côtés du cimetière » (« La maison des morts »), « Dans la haute rue à Cologne » (« Marizibill »), « sur le Rhin » (« mai »), « près d’un crâne blanchi » (« l’ermite »), « dans ma cellule » (« A la Santé »), « A Bacharach » (« la Lorelei »), « Dans la maison du vigneron » (« les femmes »). L’angoisse du vide explique aussi le surinvestissement de la topographie, avec l’abondance des noms de rue (« rue Aumont-Thiéville », « Avenue des Ternes », « rue des Rosiers », « rue des écouffes » rien que dans « Zone ») ou plus largement, des indications géographiques ; ainsi, au fil du recueil aura-t-on tout un tour d’Europe, de « Paris » au « Midi » et à « Marseille », d’ « Auteuil » à « Cologne », du « Vatican » à « Quimper » et « Vannes » en passant par « le Rhône » ou « la Saône » ou de « la Bastille » au « Rhin » jusqu’à « Trèves » via « Jersey » pour retourner à « Coblence ». Autant de noms de villes, de fleuves et de régions explicitement nommés au fil du recueil. Cette accumulation toponymique faussement indicative brouille en vérité la vision du lecteur appelé à imaginer tous les paysages plutôt que de se diriger vers un seul. Le kaléidoscope paysager qui se dessine replace aussi l’homme dans la multiplicité des espaces à investir : impossible à embrasser tous réellement d’un mouvement, la projection et l’imaginaire devenant les seuls recours d’une telle hyper-curiosité. C’est l’insaisissabilité d’un paysage réel total qui rend possible le report sur l’imaginaire, ce qui explique que peu à peu s’insinue dans la géographie physique une localisation métaphorique, fantasmée ou affective. Ainsi, à bien y regarder, dans le cœur des poèmes, chez Apollinaire, les lieux sont parfois des espaces-temps : « tu en as assez de vivre dans l’Antiquité grecque ou romaine », ou des espaces affectifs « entre l’amour et le dédain » (in « Clotilde »), « au fond du Rêve » (vers liminaire de « Palais »), « dans le jardin de ma mémoire » (fin de « J’ai eu le courage de regarder en arrière… »). La clef nous est donnée par Apollinaire lui-même qui insiste, en fin de poème final « Vendémiaire », sur la nature de son rapport au monde, un rapport physique et vorace, fait de fusion et de confusion : « Mondes qui vous rassemblez et nous ressemblez/ je vous ai bus » […] Je suis ivre d’avoir bu tout l’univers […] je suis le gosier de Paris et je boirai encore s’il me plaît l’univers ». Au premier poème, « Zone », c’était plutôt une deuxième personne du singulier, et l’objet ingéré était l’alcool synonyme de vie : « et tu vois cet alcool brûlant comme ta vie/ Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie ». La superposition qui découle du face à face entre les deux poèmes-sommes (« Zone » et « vendémiaire », qui à plus d’un titre se font écho) nous fait comprendre l’enjeu de tout le recueil qui a aura été un élargissement, une extension de l’espace vital du poète : je/tu et alcool/vie/mondes/univers. L’introspection aura gagné le destinataire, l’alcool libérateur aura permis l’accès à tout l’univers, bien au-delà de quelques villes, univers aussi bien physique que métaphysique. La poésie d’Apollinaire, souvent caractérisée d’orphique pour l’importance accordée à la parole incantatoire, est peut-être après tout, plus dionysiaque, c’est-à-dire placée sous l’égide du Dieu grec de l’ivresse et de l’exaltation, une poésie libératrice, et réconciliatrice, heureuse du grand détour opéré par ce qui est hors et loin de soi mais pour revenir à soi : entre soi et soi-même, il n’y avait, après tout, que l’univers à franchir. En conclusion, chez Apollinaire, la poésie est avant tout une très longue excursion en forme de périple factice. (La référence à Ulysse parcourt d'ailleurs discrètement mais durablement l’œuvre d’Apollinaire : évoqué comme « de retour enfin/ le sage Ulysse » dans son poème de jeunesse « La chanson du mal aimé », Ulysse reviendra dans les Poèmes à Lou, dans un poème daté du 8 avril 1915, où le poète s’adresse à son alter ego : « Ulysse, que de jours pour rentrer à Ithaque ! ».) Le détour consistant à égarer, perdre les repères, dépayser pour reprendre le verbe employé par W. Benjamin, n’est pas un billet sans retour ; il n’a de sens que pour la recomposition d’un monde changeant, mais dont l’instabilité est d’autant mieux acceptée par le poète que ce dernier en est le complice ; faut-il comprendre que le poète, de crainte de voir le monde en mutation lui échapper, se charge lui-même d’en accompagner la transfiguration ? C’est peut-être là la visée secrète d’Alcools, de voyages intérieurs en trajets immobiles, éviter que le monde nouveau d’un siècle débutant, prometteur autant que (pleinement) déroutant, ne devienne trop méconnaissable et pour ce faire, le parer de ses propres mots. La poésie permet au poète de voyager même là on n'ira pas, ainsi l'auteur de "l'Invitation au voyage" est le même qui, recourant au pantoum dans "Harmonie du soir", nous emmène un peu en Indonésie grâce à cette forme poétique exotique. On peut aussi envisager de revisiter les territoires connus, comme lorsque Maldoror arpente un Paris rive-droite crépusculaire, peuplé de figures spectrales : a-t-on déjà vu le quarter Bastille-là (Les chants de Maldoror, livre II)? Ainsi LAUTREAMONT suggère-t-il que c'est le spectateur qui fait le spectacle, autrement dit, qu'à chaque flâneur, son paysage. Observer un corrigé de dissertation Exemple pris à partir d'un sujet donné à des élèves de première générale, au terme de l'étude du roman La princesse de Clèves (1678). Le corrigé tel qu'il est fourni A la loupe, maintenant (travail qui incombe à l'élève après le cours) Une introduction Une partie (II) du développement Une autre partie (III) du développement enfin, la conclusion #bac #écrit #bacfrançais #eaf #commentaire #dissertation
- Caligula: "Tout cela manque de sang."
Présentation selon S. Olivié-Bisson (ENSATT) (Pour les Célestins, Lyon, 2020) Les sources romaines La source historique : Suétone l'historien romain qui écrit près d'un siècle après la mort de l'empereur, se réfère d'abord au père de Caligula, le héros militaire Germanicus, Germanicus, père de C. César et fils de Drusus et de la plus jeune Antonia, fut adopté par Tibère, son oncle paternel. Il exerça la questure cinq ans avant l'âge exigé par les lois, et le consulat immédiatement après. Envoyé en Germanie pour y prendre le commandement de l'armée, il contint, avec autant d'énergie que de fidélité, toutes les légions, qui, à la première nouvelle de la mort d'Auguste, refusaient obstinément de reconnaître Tibère pour empereur, et lui déféraient à lui-même le gouvernement de l'Etat. Il vainquit ensuite l'ennemi, et revint triompher à Rome. On le créa consul pour la seconde fois ; mais, avant que d'entrer en charge, il fut, pour ainsi dire, chassé de Rome par Tibère, qui l'envoya pacifier l'Orient. Après avoir vaincu le roi d'Arménie, et réduit, la Cappadoce en province romaine, il mourut à Antioche, à l'âge de trente-quatre ans, d'une maladie de langueur, qui donna lieu à des soupçons d'empoisonnement. En effet, outre les taches livides qu'il avait sur tout le corps, et l'écume qui lui sortait de la bouche, on remarqua, lorsqu'il fut brûlé, que son coeur était resté intact ; or, l'on croit communément que le coeur imprégné de poison résiste à l'action du feu. Ce n'est que dans un second temps (en tant que produit d'une histoire familiale, donc) qu'il présente Caligula, par l'anecdote, Le surnom de Caligula était un sobriquet militaire, et lui venait d'une chaussure de soldat qu'il avait portée dans son enfance, au milieu des camps. Les soldats, pour l'avoir vu ainsi grandir et élever parmi eux, lui portaient un attachement incroyable. On en eut surtout une preuve après la mort d'Auguste, lorsque sa seule présence apaisa la fureur des troupes séditieuses. puis par la réputation (d'abord ambivalente puis sulfureuse) (goût du travestissement, jeux, organisation de supplices... l'adjectif latin récurrent pour le décrire étant "saevus" (sauvage), complété par la mention de son "ferum ingenium" (sa nature bestiale). En butte à toutes sortes de pièges, et aux perfides instigations de ceux qui cherchaient à lui arracher des plaintes, il ne donna aucun prétexte à la malignité : on eût dit qu'il ignorait le sort malheureux de sa famille et celui de toutes les autres. Ses propres affronts, il les dévorait avec une incroyable force de dissimulation ; et il avait pour Tibère et pour ceux qui l'entouraient des recherches de complaisance qui ont fait dire de lui avec raison, «qu'il n'y eut jamais de meilleur esclave ni de plus mauvais maître». Toutefois, dès ce temps-là même, il ne pouvait cacher ses inclinations basses et cruelles. Un de ses plus grands plaisirs était d'assister aux tortures et au dernier supplice des condamnés. La nuit, il courait les mauvais lieux et les adultères, enveloppé d'un long manteau, et la tête cachée sous de faux cheveux. Il était surtout passionné pour la danse théâtrale et pour le chant. Tibère ne contrariait pas ces goûts, qui pouvaient, pensait-il, adoucir son naturel féroce. Le pénétrant vieillard avait si bien approfondi ce caractère, qu'il disait souvent : «Je laisse vivre Caïus pour son malheur et pour celui de tous» ; ou bien : «J'élève un serpent pour le peuple romain, et un autre Phaéton pour l'univers». NOTA BENE Caligula est le frère de l'Agrippine que nous connaissons, mère de Néron. Lecture (par l'auteur) pour Frémeaux&associés Une tragédie? Définition-s du genre La conception de la pièce par CAMUS Préface à l'édition américaine (1958) Caligula, prince relativement aimable jusque là, s'aperçoit à la mort de Drusilla, sa sœur et sa maîtresse, que le monde tel qu'il va n'est pas satisfaisant. Dès lors, obsédé d'impossible, empoisonné de mépris et d'horreur, il tente d'exercer, par le meurtre et la perversion systématique de toutes les valeurs, une liberté dont il découvrira pour finir qu'elle n'est pas la bonne. Il récuse l'amitié et l'amour, la simple solidarité humaine, le bien et le mal. Il prend au mot ceux qui l'entourent, il les force à la logique, il nivelle tout autour de lui par la force de son refus et par la rage de destruction où l’entraîne sa passion de vivre. Mais, si sa vérité est de se révolter contre le destin, son erreur est de nier les hommes. On ne peut tout détruire sans se détruire soi-même. C'est pourquoi Caligula dépeuple le monde autour de lui et, fidèle à sa logique, fait ce qu'il faut pour armer contre lui ceux qui finiront par le tuer. Caligula est l'histoire d'un suicide supérieur. C'est l'histoire de la plus humaine et de la plus tragique des erreurs. Infidèle à l'homme, par fidélité à lui-même, Caligula consent à mourir pour avoir compris qu'aucun être ne peut se sauver tout seul et qu'on ne peut être libre contre les autres hommes. Il s'agit donc d'une tragédie de l'intelligence. (...) La passion de l'impossible est, pour le dramaturge, un objet d'études aussi valable que la cupidité ou l'adultère. La montrer dans sa fureur, en illustrer les ravages, en faire éclater l'échec, voilà quel était mon projet. La construction de la pièce : un piège qui se referme La pièce compte 4 actes, au morcellement irrégulier : Acte I, 11 scènes acte II: 14 scènes acte III: 6 scènes acte IV: 14 scènes La pièce repose sur une ellipse annoncée par la didascalie initiale : La scène se passe dans le palais de Caligula. Il y a un intervalle de trois années entre le premier acte et les trois suivants. La pièce commence, sur du "rien": PREMIER PATRICIEN.- Toujours rien. LE VIEUX PATRICIEN.- Rien le matin, rien le soir. DEUXIÈME PATRICIEN.- Rien depuis trois jours. LE VIEUX PATRICIEN.- Les courriers partent, les courriers reviennent. Ils secouent la tête et disent : « Rien. » DEUXIÈME PATRICIEN.- Toute la campagne est battue, il n'y a rien à faire Elle s'achève sur du "rien, encore." Tout a l'air si compliqué. Tout est si simple pourtant. Si j'avais eu la lune, si l'amour suffisait, tout serait changé. Mais où étancher cette soif? Quel cœur, quel dieu auraient pour moi la profondeur d'un lac? (S'agenouillant et pleurant.) Rien dans ce monde, ni dans l'autre, qui soit à ma mesure. Je sais pourtant, et tu le sais aussi (il tend les mains vers le miroir en pleurant), qu'il suffirait que l'impossible soit. L'impossible ! Je l'ai cherché aux limites du monde, aux confins de moi-même. J'ai tendu mes mains (criant), je tends mes mains et c'est toi que je rencontre, toujours rien en face de moi, et je suis pour toi plein de haine. Je n'ai pas pris la voie qu'il fallait, je n'aboutis à rien. (...) Un héros complexe Caligula n'ouvre pas la pièce ; il n'arrive qu'à la scène 3 : La scène reste vide quelques secondes. Caligula entre furtivement par la gauche. Il a l'air égaré, il est sale, il a les cheveux pleins d'eau et les jambes souillées. Il porte plusieurs fois la main à sa bouche. Il avance vers le miroir et s'arrête dès qu'il aperçoit sa propre image. Il grommelle des paroles indistinctes, puis va s'asseoir, à droite, les bras pendants entre les genoux écartés. Hélicon entre à gauche. Apercevant Caligula, il s'arrête à l'extrémité de la scène et l'observe en silence. Caligula se retourne et le voit. Un temps. Cependant, le héros-éponyme ne parle qu'à la scène 4. Il clôture tous les actes: acte I (...) dit d'une voix triomphante: Caligula. acte II lentement. Le mépris. acte III Ton empereur attend son repos. C'est sa manière à lui de vivre et d'être heureux. acte IV (fin de la pièce) (au moment où il va être mis à mort par les conjurés). Je suis encore vivant ! L'auteur Albert CAMUS : homme, résistant, algérien, fils, père, intellectuel, théoricien, méditerranéen, directeur de revue, directeur de collection, séducteur, nageur, footballeur ... cf. https://www.lydiablanc.fr/post/albert-camus La séquence Programmation Les textes (4 extraits avec comme angle de lecture: le tyran) Questionnaire de lecture L'Absurde CAMUS reconnaît à son oeuvre 3 paliers dans une architecture consciente de la pensée de l'homme dans le monde: l'absurde, la révolte et le cycle de l'amour (auquel il travailait au moment de sa mort en 1960). L'Absurde (1936-1945) comprend : Un essai, Le mythe de Sisiphe (1942), un roman, l'Etranger (1942) Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s'est ouverte, c'est le silence de la salle qui est monté vers moi, le silence, et cette singulière sensation que j'ai eue lorsque j'ai constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n'ai pas regardé du côté de Marie. Je n'en ai pas eu le temps parce que le président m'a dit dans une forme bizarre que j'aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français... et un diptyque dramatique (deux pièces, Caligula et Le malentendu) CALIGULA .- C'est une vérité toute simple et toute claire, un peu bête, mais difficile à découvrir et lourde à porter. HELICON .- Et qu'est-ce donc que cette vérité, Caïus? CALIGULA.- Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux. HELICON.- Allons, Caïus, c'est une vérité dont on s'arrange très bien. Regarde autour de toi. Ce n'est pas cela qui les empêche de déjeuner. CALIGULA.- Alors, c'est que tout, autour de moi, est mensonge, et moi, je veux qu'on vive dans la vérité! Caligula par la grammaire sur le I, 3 "Si je dors, qui me donnera la lune?" L'expression de l'interrogation. Documents complémentaire sur l'absurde autour de Caligula CAMUS, "le siècle de la peur", in "Ni victimes ni bourreaux" (Combat, nov. 1946) cf. https://eduscol.education.fr/odysseum/devant-le-monde-et-lintolerance-lhomme-sinterroge-ni-victimes-ni-bourreaux-repond-camus Le XVIIe siècle a été le siècle des mathématiques, le XVIIIe celui des sciences physiques, et le XIXe celui de la biologie. Notre XXe siècle est le siècle de la peur. On me dira que ce n’est pas là une science. Mais d’abord la science y est pour quelque chose, puisque ses derniers progrès théoriques l’ont amenée à se nier elle-même et puisque ses perfectionnements pratiques menacent la terre entière de destruction. De plus, si la peur en elle-même ne peut être considérée comme une science, il n’y a pas de doute qu’elle soit cependant une technique. Ce qui frappe le plus, en effet, dans le monde où nous vivons, c’est d’abord, et en général, que la plupart des hommes (sauf les croyants de toutes espèces) sont privés d’avenir. Il n’y a pas de vie valable sans projection sur l’avenir, sans promesse de mûrissement et de progrès. Vivre contre un mur, c’est la vie des chiens. Eh bien ! Les hommes de ma génération et de celle qui entre aujourd’hui dans les ateliers et les facultés ont vécu et vivent de plus en plus comme des chiens. Naturellement, ce n’est pas la première fois que des hommes se trouvent devant un avenir matériellement bouché. Mais ils en triomphaient ordinairement par la parole et par le cri. Ils en appelaient à d’autres valeurs, qui faisaient leur espérance. Aujourd’hui, personne ne parle plus (sauf ceux qui se répètent), parce que le monde nous paraît mené par des forces aveugles et sourdes qui n’entendront pas les cris d’avertissements, ni les conseils, ni les supplications. Quelque chose en nous a été détruit par le spectacle des années que nous venons de passer. Et ce quelque chose est cette éternelle confiance de l’homme, qui lui a toujours fait croire qu’on pouvait tirer d’un autre homme des réactions humaines en lui parlant le langage de l’humanité. Nous avons vu mentir, avilir, tuer, déporter, torturer, et à chaque fois il n’était pas possible de persuader ceux qui le faisaient de ne pas le faire, parce qu’ils étaient sûrs d’eux et parce qu’on ne persuade pas une abstraction, c’est-à-dire le représentant d’une idéologie. Le long dialogue des hommes vient de s’arrêter. Et, bien entendu, un homme qu’on ne peut pas persuader est un homme qui fait peur. (...) Pour sortir de cette terreur, il faudrait pouvoir réfléchir et agir suivant sa réflexion. Mais la terreur, justement, n’est pas un climat favorable à la réflexion. Je suis d’avis, cependant, au lieu de blâmer cette peur, de la considérer comme un des premiers éléments de la situation et d’essayer d’y remédier. Il n’est rien de plus important. Car cela concerne le sort d’un grand nombre d’Européens qui, rassasiés de violences et de mensonges, déçus dans leurs plus grands espoirs, répugnant à l’idée de tuer leurs semblables, fût-ce pour les convaincre, répugnent également à l’idée d’être convaincus de la même manière. Pourtant, c’est l’alternative où l’on place cette grande masse d’hommes en Europe, qui ne sont d’aucun parti, ou qui sont mal à l’aise dans celui qu’ils ont choisi, qui doutent que le socialisme soit réalisé en Russie, et le libéralisme en Amérique, qui reconnaissent, cependant, à ceux-ci et à ceux-là le droit d’affirmer leur vérité, mais qui leur refusent celui de l’imposer par le meurtre, individuel ou collectif. Parmi les puissants du jour, ce sont des hommes sans royaume. Ces hommes ne pourront faire admettre (je ne dis pas triompher mais admettre) leur point de vue, et ne pourront retrouver leur patrie que lorsqu’ils auront pris conscience de ce qu’ils veulent et qu’ils le diront assez simplement et assez fortement pour que leurs paroles puissent lier un faisceau d’énergies. Et si la peur n’est pas le climat de la juste réflexion, il leur faut donc d’abord se mettre en règle avec la peur. Pour se mettre en règle avec elle, il faut voir ce qu’elle signifie et ce qu’elle refuse. Elle signifie et elle refuse le même fait : un monde où le meurtre est légitimé et où la vie humaine est considérée comme futile. Voilà le premier problème politique d’aujourd’hui. Et avant d’en venir au reste, il faut prendre position par rapport à lui. Préalablement à toute construction, il faut aujourd’hui poser deux questions : « Oui ou non, directement ou indirectement, voulez-vous être tué ou violenté ? Oui ou non, directement ou indirectement, voulez-vous tuer ou violenter ? » Tous ceux qui répondront non à ces deux questions sont automatiquement embarqués dans une série de conséquences qui doivent modifier leur façon de poser le problème. Mon projet est de préciser deux ou trois seulement de ces conséquences. En attendant, le lecteur de bonne volonté peut s’interroger et répondre. Caligula s'ouvre sur la didascalie suivante: Des patriciens, dont un très âgé, sont groupés dans une salle du palais et donnent des signes de nervosité.
- Britannicus
(séquence de seconde, le théâtre du 17e au 21e s.) 2020/2021 Programmation séquentielle aménagée (enseignement hybride) Contexte historique & cadre esthétique L'arrière-plan théorique de la dramaturgie classique Fascination de RACINE pour les tyrans? On peut se poser la question d'un cycle des passions tyranniques chez RACINE, entre Andromaque (1667) où Pyrrhus passe son temps à exiger, Britannicus (1668), avec la formulation explicite du fructueux (pour un auteur) paradoxe: "Toujours la tyrannie a d'heureuses prémisses" : Bajazet (1672) où c'est Roxane qui est dépassée par sa fureur Quelle(s) raisons à cela? La tyrannie, outre son intérêt dramaturgique (pain béni pour une peinture des passions ), revient dans les préoccupations politologiques dès le 16e s., ; elle pose la question de la bonne gouvernance (juste ou efficace, c'est tout le problème, chez MACHIAVEL ou LA BOETIE, et même chez MONTAIGNE), prend une tournure toute particulière avec l'hyper-puissance centralisatrice, administrative, de droit divin et spectaculaire de Louis XIV auquel RACINE est lié de façon ambiguë : ancien de Port-Royal qui finit par y revenir, il se met au service du Roi (qui avait persécuté Port-Royal -Etat dans l' Etat-) en tant qu'historiographe dans les années 1670. RACINE entretient un rapport durable, conscient et conflictuel à la figure de Louis XIV. Qu'a de si marquant cet hyper-pouvoir de Louis XIV ? Cf. exposition "le Roi est mort" (Château de Versailles, 2015) L'historien Joël CORNETTE a largement étudié l'Etat louisquatorzien et son absolutisme spectaculaire, qui pose la question des limites du pouvoir, i.e. de sa mesure et de ses excès. Qui est ce "monstre naissant", Néron ? Une découverte du CNRS/ archéo Camille JULLIAN (Aix AMU) https://lejournal.cnrs.fr/videos/lincroyable-salle-a-manger-tournante-de-neron Néron par Suétone Empoisonnement de Britannicus Ce fut par Claude qu'il commença ses meurtres et ses parricides. S'il ne fut pas l'auteur de sa mort, il en fut du moins le complice. Il s'en cachait si peu, qu'il affectait de répéter un proverbe grec, en appelant "mets des dieux" les champignons qui avaient servi à empoisonner Claude. Il outrageait sa mémoire par ses paroles et par ses actions, en l'accusant tour à tour de folie et de cruauté. Il disait qu'il avait cessé de demeurer parmi les hommes, en appuyant sur la première syllabe de morari en sorte que cela signifiât qu'il avait cessé d'être fou. Il annula beaucoup de décrets et de règlements de ce prince comme des traits de bêtise ou de folie. Enfin il n'entoura son tombeau que d'une mince et chétive muraille. Il empoisonna Britannicus parce qu'il avait la voix plus belle que la sienne, et qu'il craignait que le souvenir de son père ne lui donnât un jour de l'ascendant sur l'esprit du peuple. La potion que lui avait administrée la célèbre empoisonneuse Locuste étant trop lente à son gré et n'ayant occasionné à Britannicus qu'une simple diarrhée, Néron appela cette femme et la frappa de sa main, l'accusant de ne lui avoir fait prendre qu'une médecine au lieu de poison. Comme elle s'excusait sur le dessein qu'elle avait eu de cacher un crime si odieux: "Crois-tu donc, lui dit-il, que je craigne la loi Julia?", et il l'obligea de composer devant lui le poison le plus prompt et le plus actif qu'il lui serait possible. Il l'essaya sur un chevreau qui n'expira que cinq heures après. Il le fit recuire à plusieurs reprises, et le donna à un marcassin qui mourut sur-le-champ. Sur l'ordre de Néron, on l'apporta dans la salle à manger et on le servit à Britannicus qui soupait avec lui. Le jeune prince tomba dès qu'il l'eut goûté. Néron dit alors aux convives que c'était une épilepsie à laquelle il était sujet. Le lendemain, par une pluie battante, il le fit ensevelir à la hâte et sans aucune pompe. Pour prix de ses services, Locuste reçut l'impunité, des terres considérables et même des disciples. Le présage de la comète (Rappelons que la vie de Néron par l'historien romain Suétone avait été placée, d'emblée, sous le signe du rayon de soleil...) https://eduscol.education.fr/odysseum/suetone-vie-de-neron-chap-36 Le portrait physique de Néron... n'arrive qu'en dernier, après le récit de ses funérailles, d'ailleurs Néron avait une taille ordinaire. Son corps était hideux et couvert de taches, sa chevelure blonde, sa figure plutôt belle qu'agréable, ses yeux bleus et faibles, le cou fort, le ventre gros, les jambes grêles, le tempérament vigoureux. Malgré l'excès de ses débauches, il ne fut malade que trois fois en quatorze ans; encore ne le fut-il pas au point d'être obligé de s'abstenir de vin, ou de rien changer à ses habitudes. Il avait si peu de décence et de tenue, que, dans son voyage en Grèce, il laissa retomber derrière sa tête ses cheveux, qui d'ailleurs étaient toujours disposés en étages, et que souvent il parut en public vêtu d'une espèce de robe de chambre, un mouchoir autour du cou, sans ceinture ni chaussures. Néron et la mort de Britannicus par Tacite (=référence de RACINE*) Annales XIII Néron, alarmé de ces fureurs, et voyant Britannicus près d'achever sa quatorzième année, rappelait tour à tour à son esprit et les emportements de sa mère, et le caractère du jeune homme, que venait de révéler un indice léger, sans doute, mais qui avait vivement intéressé en sa faveur. Pendant les fêtes de Saturne, les deux frères jouaient avec des jeunes gens de leur âge, et, dans un de ces jeux, on tirait au sort la royauté; elle échut à Néron. Celui-ci, après avoir fait aux autres des commandements dont ils pouvaient s'acquitter sans rougir, ordonne à Britannicus de se lever, de s'avancer et de chanter quelque chose. Il comptait faire rire aux dépens d'un enfant étranger aux réunions les plus sobres, et plus encore aux orgies de l'ivresse. Britannicus, sans se déconcerter, chanta des vers dont le sens rappelait qu'il avait été précipité du rang suprême et du trône paternel. On s'attendrit, et l'émotion fut d'autant plus visible que la nuit et la licence avaient banni la feinte. Néron comprit cette censure, et sa haine redoubla. Agrippine par ses menaces en hâta les effets. Nul crime dont on pût accuser Britannicus, et Néron n'osait publiquement commander le meurtre d'un frère: il résolut de frapper en secret, et fit préparer du poison. L'agent qu'il choisit fut Julius Pollio, tribun d'une cohorte prétorienne, qui avait sous sa garde Locuste, condamnée pour empoisonnement, et fameuse par beaucoup de forfaits. Dès longtemps on avait eu soin de ne placer auprès de Britannicus que des hommes pour qui rien ne fût sacré: un premier breuvage lui fut donné par ses gouverneurs, trop faible, soit qu'on l'eût mitigé, pour qu'il ne tuât pas sur-le-champ. Néron, qui ne pouvait souffrir cette lenteur dans le crime, menace le tribun, ordonne le supplice de l'empoisonneuse, se plaignant, que, pour prévenir de vaines rumeurs et se ménager une apologie, ils retardaient sa sécurité. Ils lui promirent alors un venin qui tuerait aussi vite que le fer: il fut distillé auprès de la chambre du prince, et composé de poisons d'une violence éprouvée. C'était l'usage que les fils des princes mangeassent assis avec les autres nobles de leur âge, sous les yeux de leurs parents, à une table séparée et plus frugale. Britannicus était à l'une de ces tables. Comme il ne mangeait ou ne buvait rien qui n'eût été goûté par un esclave de confiance, et qu'on ne voulait ni manquer à cette coutume, ni déceler le crime par deux morts à la fois, voici la ruse qu'on imagina. Un breuvage encore innocent, et goûté par l'esclave, fut servi à Britannicus; mais la liqueur était trop chaude, et il ne put la boire. Avec l'eau dont on la rafraîchit, on y versa le poison, qui circula si rapidement dans ses veines qu'il lui ravit en même temps la parole et la vie. Tout se trouble autour de lui: les moins prudents s'enfuient; ceux dont la vue pénètre plus avant demeurent immobiles, les yeux attachés sur Néron. Le prince, toujours penché sur son lit et feignant de ne rien savoir, dit que c'était un événement ordinaire, causé par l'épilepsie dont Britannicus était attaqué depuis l'enfance; que peu à peu la vue et le sentiment lui reviendraient. Pour Agrippine, elle composait inutilement son visage: la frayeur et le trouble de son âme éclatèrent si visiblement qu'on la jugea aussi étrangère à ce crime que l'était Octavie, sœur de Britannicus: et en effet, elle voyait dans cette mort la chute de son dernier appui et l’exemple du parricide. Octavie aussi, dans un âge si jeune, avait appris à cacher sa douleur, sa tendresse, tous les mouvements de son âme. Ainsi, après un moment de silence, la gaieté du festin recommença. * TACITE et non pas SUÉTONE: source au ton autrement plus pittoresque, pour ne pas dire pictural que le sec et réprobateur SUÉTONE, ce qui laisse plus de place à l'exploration et la dramatisation des passions complexes. Néron vu par Racine Première préface (1670) D'autres ont dit, au contraire, que je l'avais fait trop bon. J'avoue que je ne m'étais pas formé l'idée d'un bon homme en la personne de Néron. Je l'ai toujours regardé comme un monstre. Mais c'est ici un monstre naissant. Il n'a pas encore mis le feu à Rome. Il n'a pas tué sa mère, sa femme, ses gouverneurs. A cela près, il me semble qu'il lui échappe assez de cruautés pour empêcher que personne ne le méconnaisse. Seconde préface (1670) Pour commencer par Néron, il faut se souvenir qu'il est ici dans les premières années de son règne, qui ont été heureuses, comme l'on sait. Ainsi il ne m'a pas été permis de le représenter aussi méchant qu'il a été depuis. Je ne le représente pas non plus comme un homme vertueux ; car il ne l'a jamais été. Il n'a pas encore tué sa mère, sa femme, ses gouverneurs ; mais il a en lui les semences de tous ces crimes. Il commence à vouloir secouer le joug. Il les hait les uns et les autres, et il leur cache sa haine sous de fausses caresses : factus natura velare odium fallacibus blanditiis. En un mot, c'est ici un monstre naissant, mais qui n'ose encore se déclarer, et qui cherche des couleurs â ses méchantes actions : hactenus Nero flagitiis et ceteribus velamenta quaesivit. Il ne pouvait souffrir Octavie, princesse d'une bonté et d'une vertu exemplaires, fato quodam, an quia praevalent illicita ; metuebaturque ne in stupra feminarum illustrium prorumperet. Qui peut attendre quoi de Néron? Néron antique vs Néron chrétien Représenter le crime quand on est un "classique": Nicolas POUSSIN Les textes de la séquence https://www.dropbox.com/s/6atyhjglvpwwabd/THEATRE_Britannicus.pdf?dl=0 Présentation du dramaturge par le prof. A. VIALA la "stratégie du caméléon" Présentation de l'intrigue et les enjeux de la représentation du texte racinien par S. Braunschweig (mise en scène Comédie Française, 2018) Scénographie : décor & plateau (par S. Braunschweig pour la Comédie Française) La pièce intégrale (2018), captation audio France Culture https://soundcloud.com/lpblanc/britannicuscomediefr Entrer dans le texte par une double entrée: grammaire et alexandrin racinien Les élèves quelque peu démobilisés en fin cette fin décembre, sont invités, de façon volontairement ritualisée, à se pencher chaque jour, sur une double énigme. Les élèves en distanciel peuvent envoyer leurs hypothèses en 3 mn chrono (mp3) via PRONOTE ou par email. Les réponses discutées en classe ouvrent, après lecture du texte concerné, la séance du jour. La question de grammaire consiste en une définition, un repérage du phénomène (=ses formes et expressions) mais aussi, surtout, de ce que cela signifie, c'est-à-dire de ce que cela éclaire quant au sens et à la force du passage visé. S'agissant de l'alexandrin (ou les alexandrins) du jour, la question se pose ainsi: pourquoi cet alexandrin en particulier? Qu'a-t-il de si spécial? Que révèle-t-il ? En quoi peut-on dire que l'alexandrin est bien " fichu "? Quelques réponses (points de départ du cours) #unjourunalexandrin vers 12 retranscription du cours démarré par la recherche du sens de l'alexandrin 12 en fonction de sa construction et de sa formulation: vers 405-406 Adam puis Clemens, élèves de seconde15, qui cogitent sur les vers 405-406 : Le cours réalisé en classe sur II, 2 (tirade de Néron) Le langage néronien Mais de tout l'univers, quel sera le langage?" Néron à Narcisse (IV, 4) Retour à la fameuse tirade en II, 2 : La définition de Néron (qui fantasme et désire) pose problème: le corps (qu'il soit amoureux ou contraint) est son seul langage de brute. C'est ce qu'il rappelle à Junie en dans la très fugace scène 4 de l'acte II : Madame, en le voyant, songez que je vous vois.Mais plus encore que le corps, c'est un corps unique et réduit que celui de Néron, en ce qu'il n'est que physique (et non pas symbolique comme un corps de monarque est censé l'être). Pour rappel, le corps du roi est en effet de deux ordres. A la clôture de l'acte IV, face à Narcisse, Néron est incapable de penser autrement que par les sens, et notamment le sens visuel: Viens, Narcisse. Allons voir ce que nous devons faire. Néron ne réapparaîtra finalement qu'en V, 6 mais avec cette didascalie qui pèse de tout son poids : NÉRON, voyant Agrippine. Britannicus vs Néron (III, 8) Double NOTA BENE: Clarisse veut parler de l' "inversion" (et non "inversement") des termes et elle étudie un alexandrin de Britannicus (pas la parole de Néron) ! Prochaines échéances et prochaines énigmes ... Mère/fils (IV, 2) le texte Agrippine vue par Dominique Blanc (pensionnaire à la Comédie Française) https://soundcloud.com/comedie-francaise/entretien-avec-dominique-blanc-pour-britannicus La mise en scène Braunschweig #unjourunalexandrin V,5 (Burrhus) vers 1630 Le fer ne produit point de si puissants efforts montrer que cet alexandrin est inutile et utile ... - - Dénouement (V, 8). Pour aller plus loin. RACINE, le conteur derrière le dramaturge. Certes, la bienséance. Mais surtout, la dramatisation d'une scène par le récit racinien lequel est aussi une occasion, en insérant de l'action dans l'action, de dilater l'espace et le temps scéniques et de mettre le spectateur dans une autre forme de confidence. Comparaison des récits d'Albine et du récit de Théramène. L'alexandrin racinien, par Hervé Pierre (Sociétaire à la Comédie Française) "Plût aux dieux que ce fût le dernier de ses crimes!" https://soundcloud.com/comedie-francaise/mon-alexandrin-prefere-herve-pierre-britannicus Parcours associé: pouvoir et abus de pouvoir Évaluation (dissertation sur oeuvre) Modèle ministériel https://cache.media.eduscol.education.fr/file/FRANCAIS/84/7/RA19_Lycee_G_1_FRA_dissertation_(2)_1160847.pdf Sujet du DM pour le 04/01/2021 Dans Britannicus, qui est le monstre?
- Prépa oral / entrée dans le recueil
A destination des élèves de première: un oral audio en guise de piste de décollage à Port-Aviation... Objectifs: Participer activement à l'entrée dans le texte étudié ; travailler ses aptitudes orales Les élèves de mes deux classes ont été invités, pendant leurs vacances de fin d'année, à procéder à une répétition miniature de ce qu'on leur demandera au bac, oral de français, nouvelle mouture (réforme 2019) à savoir présenter une oeuvre (parmi les oeuvres étudiées ou lues en cursives, pour l'oral des EAF). Ici, il s'agissait, à ce stade de l'année, pour commencer, et faisant face à l'essoufflement ainsi qu'à la démotivation de nombre d'élèves, en milieu de bizarre-scolarité-COVID an II, de sélectionner un poème parmi les 65 d'Alcools, recueil que nous débutons, et de justifier son choix (qu'il soit une adhésion ou un rejet, peu importe le type d'intérêt ressenti, pourvu que ce soit étayé et discuté) et d'évaluer sa place dans une expérience de lecteur. Durée: 4 mn chrono. Format: audio. Pour rappel, j'avais déjà proposé l'exercice aux élèves de seconde 15, avec des conseils dispensés en amont: https://www.lydiablanc.fr/post/oral-choix-de-lecture Critères d'évaluation ici : https://www.lydiablanc.fr/post/oraldebac Sur cette page, on retrouve aussi l'exemple que je prends souvent, celui d'H. MARIENSKE (à vrai dire que je connais pas cette auteure et je n'ai pas pour projet de la lire mais c'est aussi une collègue et lorsqu'elle présente CELINE, elle le fait avec vivacité et pertinence qui me fournit un modèle profitable que je transmets régulièrement à mes classes.) Exploitation en classe L'ensemble servira à la classe de support pour aborder les différentes facettes du poète et du recueil immédiatement perceptibles dans le recueil étudié. L'éventail des regards posés par les élèves s'avère suffisamment ample pour rendre en compte en effet de plusieurs logiques à l'oeuvre dns le recueil, que nous examinerons plus attentivement au fil de la séquence. Le prof a classé, repris et ici figurent donc les prestations d'élèves inchangées, sélectionnées pour leur complémentarité et, malgré quelques défauts, erreurs ou maladresses, leur bonne qualité d'ensemble. On voit donc les annotations du prof dans le retour qui a été fait à chaque élève : en bleu, les choses à retenir, en rouge les points à revoir, en vert les points d'appui, validés). Ce type d'exercice permet de donner la parole à des élèves à des profils scolaires variés (pas que le premier de la classe à l'écrit - même si ça n'enlève rien à son mérite par ailleurs -), et que cela fournit aussi l'occasion aux élèves de proposer des résonances ou des échos d'une discipline, d'un champ linguistique à l'autre: par exemple, les élèves OIB ont pu faire appel à leur culture anglophone, même si les deux esthétiques sont très différentes entre Apollinaire et Carol Ann DUFFY, à la poétesse qu'ils viennent d 'étudier en littérature anglaise (the world's wife) . Compétences attendues cf. https://www.lydiablanc.fr/ressources/tags/oral Risque Tomber dans la micro-analyse du texte et le technicisme vain. Difficulté Articuler son expérience de lecteur à une incitation scolaire et un exercice intimidant (qui réclame un certain engagement de soi). Une élève m'y invitant, je me suis prêtée au jeu... avec une réussite toute relative puisque j'ai dépassé et Ô combien le délai imparti (100% de dépassement!).
- Pauvreté des hommes, richesse des textes?
séquence "littérature d'idées" (19e-21e s.) en seconde: groupement de textes: pauvreté et misère Programmation séquentielle Discussion "littérature/idées" : un oxymore? Qu'est-ce que la littérature engagée? Est-ce un passage obligé? La littérature d'idées recouvre -t-elle la littérature engagée? La pauvreté, un sujet "rentable" en art? Mais si ! Il mobilise et réactive des arrières-plans culturels chrétiens, il permet aussi de mobiliser des registres tragique et pathétique, aptes à nouer un lien rapide avec le lecteur ému ou frappé par des images impressionnantes ... La pauvreté, une occasion en or pour la littérature (et la culture en général) ?! C'est la thèse que l'on devine, en pointillés, dans le discours d'Eric VUILLARD : https://www.franceculture.fr/litterature/les-coulisses-du-prologue-de-la-guerre-des-pauvres-deric-vuillard HidA MURILLO, "le jeune mendiant" Entraînement à l'oral en enseignement hybride et merci à PM, NL et LL ! Au cinéma, N. LEBAKI: "Capharnaüm" Prix du Jury à Cannes (2018) : plongée dans la misère à Beyrouth non sans force hugolienne (le visage de l'enfance bafouée) Publications récentes cf. les marginaux, déclassés et précaires chez le prix Goncourt Nicolas MATHIEU Leurs enfants après eux (2018) parle aussi de destin et de déterminisme social, problématiques déjà exploitées par le Naturalisme (Frères GONCOURT, ZOLA...). Définir la "pauvreté" Définition économique et institutionnelle? Pauvreté relative ou monétaire? Qu'est-ce que la décence? Que sont les ressources "acceptables"? Quid des moyens/ coût de la vie en fonction des pays? Pour rappel l'Europe ne s'est mise daccord sur des "critères" et des "seuils" (50% ? 60% du revenu médian?) qu'en 2001 ! https://www.cnle.gouv.fr/definitions-de-la-pauvrete.html Le regard des sociologues S. PAUGAM (EHESS), qui revient sur des notions connexes: pauvreté/ inégalités / fragilité/ précarité / exclusion / disqualification sociale / désocialisation Le regard des historiens D. KALIFA, les bas-fonds imaginaire romantique empreint de pauvreté et dénuement Pour écouter le regretté D. KALIFA : https://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/seminar-2016-01-12-17h30.htm Etude iconographique réalisée par I. JABLONKA http://histoire-image.org/fr/etudes/aspects-misere-urbaine-xixe-siecle LA SEQUENCE Victor HUGO Présentation de l'écrivain http://www.senat.fr/evenement/archives/D24/hugo.html Guillaume GALLIENNE/ Un été avec HUGO pour France inter: Hugo engagé Texte préparatoire au Discours de 1849 Discours de 1849 http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/grands-discours-parlementaires/victor-hugo-9-juillet-1849 Pour aller plus loin: Les caves de Lille (1851) texte intégral (libre de droits) - compte-rendu de Victor HUGO député, écrivain et homme. Anthologie complémentaire sur la pauvreté et la misère en littérature DM de commentaire: François BON Activité préparatoire au commentaire Elaboration d'une problématique, collecte des indices corroborant l'hypothèse de lecture et établissement d'un plan d'étude organisé à partir d'un texte incontournable sur la misère: le Voreux, ce monstre qui avale les mineurs, selon Emile ZOLA Ce texte d'anthologie a été salué par O. Mirbeau: Zola vient de publier un roman : Germinal, qui possède toutes les qualités et aussi tous les défauts de ses aînés. C’est cependant un maître livre qui, en dépit des parti pris de naturalisme, révèle plus que jamais le tempérament romantique, lyrique même, de son auteur. Il y a dans Germinal des pages superbes, qui vous font couler dans l’âme des frissons tragiques, comme ceux dont vous secouent les sombres rêves du Dante. C’est dans l’enfer moderne, au fond sinistre des mines, dont les gueules béantes engloutissent chaque jour tant de proies humaines, que l’auteur a placé son drame effrayant. La France, 11 mars 1885. Ebauche de l'auteur: « La lutte du capital et du travail. Coup d’épaule à la société qui craque, la question la plus importante pour le XXe siècle. La révolution par la faim. Les Maheu. » Documents préparatoires de Germinal, NAF10307, f° 1. Point-méthode repérer, étayer, organiser son paragraphe de commentaire Texte de commentaire La pauvreté et la misère, fils rouges de l'oeuvre de Ken LOACH Quand la pauvreté génère un "style": le réalisme social au cinéma Le fond modifiant la forme: le cas Ken LOACH Extrait du dernier opus (analyse de séquence en classe) Sorry we missed you Pour aller plus loin, une idée de lecture : Le premier homme La pauvreté, dont Camus a écrit que le soleil algérien l'avait rendue "fastueuse" (pour l'opposer à la "misère"de la grisaille parisienne), a forgé son identité, et d'homme et d'artiste. Elle prend sa source dans la vie, enfant, à Bellcour auprè du frère, de la mère (Catherine Sintès) et de la grand-mère. Albert CAMUS à propos de son père Un homme dur, amer, qui avait travaillé toute sa vie, avait tué sur commande, accepté tout ce qui ne pouvait s’éviter, mais qui, quelque part en luimême, refusait d’être entamé. Un homme pauvre enfin. Car la pauvreté ne se choisit pas, mais elle peut se garder. et plus loin à propos de ses parents, miséreux d'un quartier pauvre (Belcourt, quartier d'Alger) : Comment faire comprendre d’ailleurs qu’un enfant pauvre puisse avoir parfois honte sans jamais rien envier ? Lecture cursive: Fl. AUBENAS, Le quai de Ouistreham (2010) Est-ce bien de la littérature? « La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu’en dire, ni comment en prendre la mesure. Tout donnait l’impression d’un monde en train de s’écrouler. Et pourtant, autour de nous, les choses semblaient toujours à leur place. J’ai décidé de partir dans une ville française où je n’ai aucune attache, pour chercher anonymement du travail… J’ai loué une chambre meublée. Je ne suis revenue chez moi que deux fois, en coup de vent : j’avais trop à faire là-bas. J’ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers, et je me suis inscrite au chômage avec un baccalauréat pour seul bagage. Je suis devenue blonde. Je n’ai plus quitté mes lunettes. Je n’ai touché aucune allocation. Il était convenu que je m’arrêterais le jour où ma recherche aboutirait, c’est-à-dire celui où je décrocherais un CDI. Ce livre raconte ma quête, qui a duré presque six mois, de février à juillet 2009. J’ai gardé ma chambre meublée. J’y suis retournée cet hiver écrire ce livre. » Florence Aubenas