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La grammaire au bac (réforme 2019)


La grammaire fait partie (avec la lecture à voix haute et l'avis subjectif porté sur un programme de lectures) des compétences nouvellement évaluées par le bac de français ("EAF"), réforme 2019, applicable à la session 2020. Elle fera l'objet d'une interrogation en fin de première partie d'oral.

La grammaire, une science en débat


Elle est souvent, à tort, la "bête noire" des élèves (mais hélas aussi, et ça donne à réfléchir, des enseignants!) qui l'assimilent à une science dogmatique, pontifiante et jargonnante qui serait déconnectée du sens d'un texte. Le discours sur la grammaire qu'il soit porté par les linguistes, les sociologues ou les politiciens ressemble à une longue déploration, parfois décliniste; ainsi, c'est souvent en tant que réponse à des constats amers que semblent naître les réformes successives qui la touchent, de sorte la grammaire est toujours associée à un malaise de la civilisation. 

Pourtant la grammaire tient plus du levier que du frein. Pour les plus curieux désirant mesurer à quel point la grammaire va au cœur d'un texte (et ne s'en détourne pas), il est possible de lire des analyses d'un texte de haut niveau ici: https://www.persee.fr/collection/igram . Ce n'est pas là ce qui est demandé à l'élève de lycée bien-sûr, mais la simple consultation de ces analyses montre souvent tout ce que peut faire la grammaire: questionner, mettre en valeur le sens d'un texte et en enrichir l'interprétation. On se rend au moins compte, en parcourant cette revue universitaire L'information grammaticale, que ce n'est justement pas qu'une affaire de spécialistes: la grammaire questionne notre façon de parler, de projeter (consciemment ou à nos propres dépens) selon nos mots et tournures employées, et nous renvoie à l'histoire de la langue ainsi qu'aux possibilités langagières de notre vie les uns avec les autres, c'est-à-dire à notre communication.

Qu'est-ce que l'orthographe? (JC PELLAT)

prof. de linguistique à l'Univ. de Strasbourg:

Le débat assez vif de ces dernières années a agité aussi bien les politiques que les linguistes et les pédagogues, la question étant au fond de savoir ce qu'on veut enseigner en enseignant la grammaire: si la grammaire n'était qu'un support de la communication ou si elle constituait un patrimoine culturel à valoriser, en forme de conservatoire des formes, ou encore, si elle était le témoin privilégié, de la sociologie, forcément relative et variable, de nos usages de parole. 

Moyen ou fin, prétexte ou enjeu, la grammaire a de toute façon des choses à nous dire sur notre parole et notre façon de l'employer. Pour le littéraire, elle constitue une manne de ressources aidant la compréhension approfondie d'un texte pour dépasser l'énoncé littéral et la signification apparente. 

 Cf. J. Courtillon, « La mise en œuvre de la « grammaire du sens » dans l'approche communicative. Analyse de grammaires et de manuels », Éla. Études de linguistique appliquée, 2001/2 (no 122), p. 153-164.



Définition


La grammaire consiste à étudier les constituants d'une phrase (et même d'un discours), à l'échelle du mot, du groupe de mots dans la phrase ou des agencements de propositions entre elles. Elle comporte diverses sous-catégories: la morphologie (le lexique et la sémantique), l'orthographe (d'accord), la syntaxe, la conjugaison et même, la linguistique. Elle renvoie à la langue (française) à ce qu'elle est aussi, un système où tout (structure, sonorités, rythme etc.) se tient en fonction d'un sens et d'un effet à produire.

A quoi ça sert ? (!)


La grammaire sert à analyser et interpréter un texte littéraire: la forme sert le fond, le fond justifie la forme. L'un(e) explique l'autre et vice versa.

Encore faut-il repérer et nommer les phénomènes pour les décrire, en analyser la portée et en interpréter l'emploi qui donne du sens à un énoncé ou un texte.

On peut comparer les savoirs grammaticaux, qui sont des fonctionnements à apprendre et des leçons à apprendre, aux théorèmes de mathématiques ou aux formules et lois physiques: ne pas les connaître empêche la résolution des problèmes et retarde voire compromet le raisonnement. 


Exemple d'étude littéraire par la grammaire:



Un autre exemple, que j'ai généré et que je présente à mes élèves dès qu'un(e) deux tente "la grammaire, ça sert à rien" ou, variante, "j'aime pas la grammaire" (or la grammaire reste beaucoup plus agréable que les brocolis et les lentilles), pour montrer que le fond c'est la forme, et vice-versa: à partir de  Victor HUGO, décrivant la déchéance de Fantine figure tragique et sacrificielle de la maternité dans les Misérables.



La grammaire au lycée (Réforme 2019): les notions à maîtriser


La Réforme veut réhabiliter la grammaire, aux modalités et aux enjeux tant didactiques que sociologiques décidément toujours très discutés: https://www.cahiers-pedagogiques.com/Quelle-grammaire-enseigner 


Cf. note de service du Ministre JM BLANQUER adressée aux Recteurs fin 2018 à ce sujet.  

Le Ministère a réparti des items grammaticaux à étudier, maîtriser et évaluer sur les deux années de lycée :


  • Les classes de mots, Les fonctions grammaticales , les accords

  • Le verbe : valeurs temporelles, aspectuelles, modales; Les accords entre le sujet et le verbe ; La concordance des temps

  • Les phrases complexes

  • La proposition subordonnée relative, les pronoms relatifs

  • Les propositions subordonnées conjonctives circonstancielles: expressions de la cause, de la conséquence et de l’opposition

  • La négation

  • L’interrogation

  • Lexique: origine, formation des mots etc.


NOTA BENE: Ces notions ne sont pas nouvelles (c'est sur leur systématisation qui l'est); elles ont été abordées et posées à l'école élémentaire puis étudiées au collège pour être enfin mises au service de l'interprétation du patrimoine littéraire au lycée.

légende: en jaune, les compétences spécifiques de 1e, évaluables à l'oral de l'EAF; en bleu, les compétences de 2nde, en vert, les compétences communes 2nde-1e.

Les consignes académiques semblent orienter l'épreuve de baccalauréat ainsi: on interrogera le candidat de préférence sur les items de niveau 1e, et plus encore, sur les 3 notions: 


  • négatives

  • interrogatives

  • subordonnées conjonctives circonstancielles 


L'épreuve de grammaire en 2mn chrono au bac: méthode


Il s'agit donc pour le candidat de bac de savoir "zoomer" sur un phénomène grammatical (syntaxique, morphologique, linguistique, orthographique) pointé par l'examinateur de bac et de le faire parler, en quelques minutes, en respectant les trois étapes suivantes qui font aller le candidat de l'observation à la description à l'interprétation:


  1. Définir la notion en jeu (= la leçon de grammaire, le cas général, la norme)

  2. Repérer le phénomène dans le texte et commenter le relevé des occurrences (Quelle fréquence? A un emplacement marquant du texte?)

  3. Décrire le fonctionnement du phénomène observé (cas particulier)

  4. Interpréter: montrer l'intérêt du phénomène dans l'extrait étudié


Des exemples

  • une question de grammaire traitée, site ministériel:

Voir également des questions de grammaire traitées:


(RAPPEL.

On appelle analyse syntaxique le découpage de la phrase pour en repérer les différents constituants, à savoir les propositions, juxtaposées, coordonnées ou subordonnées dans un système hiérarchisé qu'on appelle alors phrase complexe).



Travailler & réviser la grammaire: quels ouvrages de référence pour travailler la grammaire en autonomie?



RAPPEL le manuel scolaire (papier ou numérique) comporte, le plus souvent en fin d'ouvrage, un récapitulatif des notions grammaticales à maîtriser, le plus souvent sous forme de fiches à mémoriser.

Ressources grammaticales en ligne

L'équipe pédagogique de l'Ecole élémentaire (!) de Saint-André de Ludon (Académie de Poitiers) a eu l'excellente idée de mettre en ligne un mémento grammatical, cf. particulièrement les pages 3 à 15.


L'éditeur LeLivreScolaire, manuel numérique collaboratif (élaboré par un collectif enseignant -merci les collègues ! -), met à disposition une série de leçons de niveau fin de collège (3e) en grammaire. Comme souvent avec cet éditeur, le propos est à la portée de l'élève, s'efforçant de rester tout à la fois clair et juste. 

Sur les propositions subordonnées (complétives, conjonctives, relatives), l'académie de Versailles propose un récapitulatif sérieux et renseigné. 


Terminologie grammaticale (2019)



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