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E-copies

Une modalité non pas nouvelle mais renouvelée

Pratiquée depuis de nombreuses années, la correction en ligne des copies, par partage de documents (facilité des multinationales à l'optimisation fiscale discutable mais à l'ergonomique diablement efficace...) s'est intensifiée ces dernières années avec :

  • l'apparition de nouveaux publics scolaires désormais incorporés quasi automatiquement au lycée: moins autonomes, moins formés à la rédaction longue, ayant donc besoin d'un suivi rapproché pendant le processus d'élaboration du devoir;

  • les périodes de confinement et d’enseignement hybride mêlant présentiel/distanciel du fait de la crise sanitaire de 2020: la transmission des travaux est forcément numérique si la notion-même de "contact" en pleine pandémie virale est un problème.

Comment optimiser la correction d'une copie numérique en français en vue de la préparation à l'examen anticipé (EAF) qui, en français, repose désormais sur deux compétences écrites ambitieuses, le commentaire et la dissertation sur oeuvre ?


L'intérêt du devoir numérique, ou e-copie, est pluriel:

  • gain de lisibilité (les élèves savent qu'aujourd'hui on me catégoriserait sans peine comme "dysgraphique") ;

  • cela officialise le devoir comme étant non pas un produit viscéralement personnel (d'où les crispations aussi à réception de la note; on se sent atteint dans son identité propre) mais un support transmissible et partagé, objet d'une relation de travail, amené à être amendé, repris, modifié = cela dé-sacralise le devoir mais matérialise aussi la relation de travail interactive avec le prof qui devient le partenaire de l'élève plus que le juge suprême, détenteur de la note-sanction.

  • mieux équilibrer les zones réussies des moments du devoir perfectibles ou sanctionnés. Ce qui est réussi est davantage mis en valeur: la confiance de l'élève en ses qualités, matérialisées et manifestement reconnues, est aussi revue à la hausse.

  • Modifie la perception d'un devoir: le devoir en tant que matériau modifiable (document dans lequel le rédacteur et le correcteur peuvent tous deux, à égalité, intervenir) apparaît moins comme un résultat que comme un processus. La note y est un des aspects parmi d'autres de l'échange avec le prof, de sorte que la note-sanction est minorée ; en retour, le devoir est véritablement un travail, en train de s'élaborer, et susceptible d'être retaillé/remodelé/réagencé/reformulé. Sans doute l'image du travail est-elle plus artisanale. Si chaque élève n'est pas Flaubert dans ses six années d'affres et de brouillons successifs, cela rapproche quand même l'élève d'un écrivain de son propre texte, qui, soucieux de l'arranger, le reprendre plutôt que de le rendre une fois pour toutes, est disposé à accepter la reprise d'un fichier numérique d'un clic ou presque. Là, c'est la simplicité de la manipulation facilite son exécution (ce qui ne veut pas dire que ce soit la fin des migraines pour améliorer une dissertation ...).

Plus spécifiquement en français,

en vue du bac de français (qui se prépare en deux ans mais s'intensifie évidemment en première)


L'élève peut faire défiler son travail et très vite, obtient une vision globale et même panoramique de longs travaux étalés sur plusieurs pages: pratique et utile pour appréhender le souci de cohérence, de progressivité et les problèmes de redite dans un devoir.

Conséquence, l’appréhension des proportions est également facilité puisque les pages peuvent être affichées toutes ensemble (pdf Acrobat le permet par exemple) : proportion entre le corps du raisonnement (développement) et ses marges (introduction, conclusion) ou équilibre à grande échelle du devoir (déploiement de la copie, certaines parties étant démesurément longue ou au contraire, trop ramassées...).


Le code-couleurs employé


Il doit permettre à l'élève :

  • de garder en tête l'essentiel des attentes dans une copie, qui se résument à quatre, cinq écueils principaux (cela évite l'éparpillement des attentes où tout se vaudrait, une erreur d'étiquetage stylistique ou une impropriété ne valant pas un contresens): resserrement des attentes, plus facile (au sens de moins écrasante et inaccessible) à penser pour le jeune rédacteur de lycée.

  • repérer de quel type, quel degré d'erreur sa copie relève (le plus) pour y être plus attentif à l'avenir et apprécier l'évolution de ses aptitudes à l'écrit d'un devoir à l'autre, tous les devoirs pouvant être aisément retrouvés, stockés ensemble puis juxtaposés et comparés au besoin : inscription de chaque devoir dans un série de devoirs, i.e. dans une progression continue.

  • le fait de traduire les erreurs et écueils en zones de couleur permet d'objectiver la correction de copie et donc la relation au professeur :

ce n'est pas madame X qui corrige (sanctionne/pénalise/sabre/s'archarne contre etc.) l'élève Z, mais une copie qui fait face (surmonte ou pas) tel ou tel enjeu rédactionnel, tel ou tel enjeu intellectuel sur telle ou telle consigne à tel moment de l'année.



Effets vertueux

La relation avec l'élève, moins sèche que remise de copie/délai de correction/retour brutal de la copie notée, inscrite dans un dialogue constructif retisse aussi le lien avec des élèves heureux de constater qu'on leur consacre autant de temps individualisé donc flatteur du moins rassurant.

Le petit échange informel mais soigné qui accompagne la trajectoire du document (navette aller/retour) constitue de fait une éducation à sociabilité virtuelle (en ligne), et permet de matérialiser le rapport courtois et efficace entre deux partenaires de travail. L'enfant est mieux préparé au dialogue en vigueur dans la vie adulte et en particulier dans le monde du travail (de l'entreprise et de l'administration, par exemple), avec un ton et des manières de faire plus professionnels.


Quelques réserves

  • Le facteur-temps, côté enseignant, comme tout travail individualisé et parfois même démultiplié puisqu'un devoir numérique peut procurer la tentation, à contrôler, de multiplier les exemplaires par élève, par devoir (le modèle flaubertien ou l'exemple de Gaston Miron -réécrivant 7 fois son unique recueil- peuvent faire mal au prof !); la multiplication des versions successives peut être un gouffre (heureusement les perfectionnistes sont moins nombreux que l'inverse^^).

  • Peut-être le leurre de l'instantanéité qui pourrait générer des élèves et parents consuméristes adeptes du tout-tout-de-suite mais en vérité ce type d'exigence ne m'est jamais arrivée: les élèves (et leurs familles) constatant que le travail est fait avec application de surcroît, sont compréhensifs et comprennent que le délai de correction par devoir au lycée soit hélas incompressible, peu ou prou toujours égal à 10-15 j. en moyenne.

  • Les moyens matériels : l'inégalité informatique et numérique est un obstacle. La question des équipements, du lieu d'étude et de travail personnel dans les habitats est un versant social non négligeable, et douloureux, de la numérisation de l'enseignement. C'est d'ailleurs ce qui explique que cette modalité soit toujours offerte et jamais imposée.


Exemples de travaux corrigés en 2020/21

En première en 2020/21, le pari a été de poser d'emblée et ensemble les trois exercices les plus redoutés : deux en vue de l'écrit, le troisième en vue de l'oral.


NOTA BENE

Les travaux ci-dessous, reproduits tels quels, ont été réalisés en octobre-novembre 2020, dans un contexte sanitaire très particulier qui a modifié tout l’apprentissage tout au long de l'année civile 2020 et dont il a été tenu compte, avec une notation sensiblement adaptée pour remotiver les élèves et accompagner -dans certains cas, initier- ce retour aux perspectives de baccalauréat.


Commentaire coeff.1


une copie fragile


une copie encourageante


une copie déjà plus aboutie



Dissertation coeff.1


copie fragile


copie bien maîtrisée



Grammaire coeff.0.5


copie déjà bien avancée



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